Deux personnes sont mortes mercredi soir alors qu'elles tentaient, en groupe,«de prendre d'assaut» un poste de gendarmerie dans le sud dans un contexte de violences ayant suivi des protestations pour de meilleurs systèmes éducatif et de santé. C'est ce qu'ont annoncé les autorités locales citées par l'agence MAP.
Des gendarmes de Lqliaâ, près d'Agadir, «ont été contraints de faire usage de leurs armes de service, dans le cadre de la légitime défense», ont indiqué les autorités locales. Ils ont agi «pour repousser une attaque et une prise d'assaut menées par des groupes d'individus, contre les locaux de cette brigade territoriale, dans une tentative de s'emparer de munitions, de matériels et d'armes de service».
Manifestations autorisées, une première
Dans le même temps, de manifestations, autorisées pour la première fois, ont eu lieu dans plusieurs villes marocaines tandis que d'autres ont connu des violences au cinquième jour de protestations pour de meilleurs systèmes éducatif et de santé, selon un journaliste de l'AFP et des médias locaux.
A Casablanca (ouest), Tanger ou Tétouan (nord), des centaines de manifestants se sont rassemblés dans chaque ville à l'appel du collectif GenZ 212 apparu récemment sur la plateforme Discord et dont les initiateurs sont inconnus, d'après des lives de médias locaux sur Facebook. C'est la première fois que les autorités autorisent des rassemblements du collectif depuis le début des protestations samedi.
Les slogans «Le peuple veut la chute de la corruption» et «Liberté, dignité et justice sociale» ont dominé l'ensemble des manifestations. Les protestaires à Casablanca ont également demandé le «départ» du chef du gouvernement Aziz Akhannouch. A Salé, ville voisine de la capitale Rabat, des personnes cagoulées ont incendié deux voitures de police et une agence bancaire sans scander de slogans, a constaté un journaliste de l'AFP.
Bureaux incendiés
Des personnes ont également incendié des bureaux au siège de la commune rurale de Sidi Bibi, près d'Agadir dans le sud, d'après des médias locaux. Des actes de vandalisme ont aussi été commis dans des petites villes comme Kelâat M'Gouna (sud) qui ne faisaient pas partie des localités de manifestations désignées par le collectif GenZ 212, selon les mêmes sources.
Mardi soir, des manifestations non autorisées ont donné lieu à des heurts avec les forces de l'ordre dans des villes comme Oujda (est) et Inzegane, en banlieue d'Agadir (sud). Suite à ces violences, plus de 400 personnes ont été interpellées et près de 300 blessées, en majorité dans les rangs des forces de l'ordre, a indiqué Rachid El Khalfi, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Rachid El Khalfi a précisé que plus de 140 véhicules de la police et 20 voitures de particuliers ont été incendiés. «Les manifestants ont également pris d'assaut des administrations, des agences bancaires et commerces, qu'ils ont pillés et saccagés» notamment à Inzegane et Oujda, selon Rachid El Khalfi.
Plus de 100 arrestations
A Rabat, le parquet a décidé mercredi qu'un deuxième groupe de 97 personnes, dont trois placées en détention, allaient être jugées, a déclaré à l'AFP leur avocate Souad Brahma, précisant que la date de leur procès n'a pas encore été fixée. L'avocate ajoute que 26 autres personnes ont été libérées sans charges.
Mardi, un premier groupe de 37 personnes, dont trois placées en détention, ont été poursuivies à Rabat également. Leur procès débutera le 7 octobre, selon Me Brahma.
Le groupement GenZ 212, qui a exprimé son «regret» face aux violences de mardi, se décrit comme un «espace de discussion» sur «des questions qui concernent tous les citoyens, comme la santé, l'éducation et la lutte contre la corruption». Au Maroc, les inégalités sociales restent un problème majeur avec de fortes disparités régionales et un fossé entre les secteurs public et privé.