Vingt-deux personnes ont été tuées en Angola depuis lundi dans de violentes manifestations pour protester contre la hausse des prix des carburants et accompagnées de nombreux pillages de magasins d'alimentation.
La décision du gouvernement début juillet d'augmenter les prix des carburants fortement subventionnés de 300 à 400 kwanzas par litre (de 0,28 à 0,38 euros) a provoqué un vif mécontentement dans le pays d'Afrique australe, deuxième producteur africain de pétrole après le Nigeria, mais où de nombreuses personnes vivent dans la pauvreté.
Ce sont dans un premier temps des organisations de la société civile qui ont appelé à manifester chaque samedi depuis trois semaines. Puis, l'association des taxis du pays a décrété une grève de trois jours qui a débuté lundi: la situation a dégénéré lundi et mardi en pillages généralisés.
Inflation à 20% et chômage à 30%
«Nous déplorons 22 morts, dont un policier», a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur Manuel Homem à l'issue d'un conseil des ministres présidé par le chef de l'Etat João Lourenço. Le ministre a également fait état de 197 blessés.
La police avait fait état mardi soir d'un bilan de quatre morts et indiqué avoir arrêté «1214 suspects». Mercredi, de nombreux magasins et agences bancaires étaient fermées à Luanda, où des patrouilles des forces de sécurité étaient visibles, ont constaté des correspondants de l'AFP.
De nombreux habitants sont restés chez eux, et les rues étaient souvent désertes, à l'exception de quelques queues devant certaines stations-essence et devant les rares échoppes ouvertes. Dans ce pays lusophone d'une trentaine de millions d'habitants, l'inflation est très élevée et a approché les 20% en juin, tandis que le taux de chômage a atteint presque 30%, selon l'autorité nationale des statistiques.
Les troubles de lundi et mardi se sont étendus à l'intérieur du pays. Un journaliste de la ville de Huambo, située à environ 600 kilomètres de Luanda, y a rapporté des pillages et des émeutes. Des manifestations et des violences ont également été signalés, selon des images sur les réseaux sociaux, dans la ville côtière de Benguela, à environ 600 kilomètres au sud de Luanda, où la police a été déployée.
L'association ANATA, représentant les chauffeurs de taxi, a pris ses distances avec les violences, mais a confirmé la poursuite de la grève décrétée pour trois jours. Quelque 2000 personnes avaient pris part à Luanda à une manifestation samedi à l'appel d'organisations de la société civile: la hausse des prix du carburant, et son impact sur le pouvoir d'achat, figurait en tête des slogans.
Mais des pancartes dénonçaient aussi «la corruption» du MPLA, le parti à la tête de ce pays lusophone d'Afrique australe depuis son indépendance en 1975. D'autres visaient le président João Lourenço, réélu pour un second mandat de cinq ans en 2022.