Efforts diplomatiques
En coulisses, Washington pousse un plan à plusieurs milliards pour geler le nucléaire iranien

Alors que le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran tient bon, Washington tente de relancer les négociations sur le nucléaire. Objectif: interdire à l’Iran tout enrichissement d’uranium. En coulisses, des milliards sont sur la table.
Publié: 09:24 heures
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Dernière mise à jour: 09:25 heures
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Donald Trump dans la «situation room» lors des frappes américaines sur les installations nucléaires en Iran.
Photo: AFP
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Solène MonneyJournaliste Blick

Alors que les dégâts infligés au programme nucléaire iranien continuent de faire couler beaucoup d’encre et que le fragile cessez-le-feu avec Israël semble tenir, une autre partie se joue discrètement: la relance des négociations avec Téhéran, dans l’objectif d’interdire à l’Iran tout enrichissement d’uranium, y compris à des fins civiles. Une condition jugée inacceptable par l’Iran, qui affirme que cet enrichissement est indispensable à ses besoins énergétiques et à son autonomie stratégique.

Selon plusieurs sources proches du dossier, citées par CNN jeudi 26 juin, des discussions secrètes sont en cours, et plusieurs pistes sont à l’étude pour convaincre la République islamique de revenir à la table des négociations. Parmi les incitations envisagées: un allègement ciblé des sanctions, l’accès à 6 milliards de dollars d'avoirs gelés à l’étranger, et surtout un investissement colossal, estimé entre 20 et 30 milliards de dollars, pour financer un nouveau programme nucléaire civil sans enrichissement local

Juste avant les frappes américaines

Une réunion confidentielle s’est tenue le 20 juin à la Maison Blanche, la veille des frappes américaines sur des installations iraniennes, entre l’envoyé spécial américain Steve Witkoff et des représentants du Golfe. Objectif: poser les bases d’un plan de sortie de crise. L’idée de reconstruire une infrastructure nucléaire civile sur le site de Fordo a été évoquée. Il reste toutefois incertain que l’Iran puisse exploiter lui-même ce site, ou même que cette option soit sérieusement envisagée.

Quant au financement à plusieurs milliards du futur programme nucléaire non enrichi, Washington refuse de mettre la main à la poche et entend faire appel à ses alliés arabes. «Les Etats-Unis sont prêts à conduire ces négociations» avec l'Iran, précise un responsable de l'administration Trump à CNN. «Et il faudra bien que quelqu'un finance la construction du programme nucléaire, mais nous ne prendrons pas cet engagement.» L’Iran pourrait également importer de l’uranium enrichi, comme le font les Emirats arabes unis, sans toutefois pouvoir en produire sur son sol.

Dialogue en suspens

Reste que les chances d’un accord demeurent floues. En public, Donald Trump souffle le chaud et le froid. Il affirme vouloir un accord, tout en assurant que «ce n’est pas nécessaire». Ses conseillers, eux, jugent un engagement à long terme indispensable pour stabiliser le cessez-le-feu conclu récemment entre Israël et l’Iran.

Les termes discutés lors de la réunion de Witkoff continuent de circuler par l’intermédiaire de médiateurs régionaux, notamment qataris, mais aucune date de rencontre officielle n’a été fixée. De leur côté, les autorités iraniennes nient toute réunion imminente. Pire, le Parlement iranien a voté la suspension de la coopération avec l’AIEA, l’agence onusienne chargée du contrôle nucléaire, alimentant les inquiétudes d’une nouvelle escalade.

Mais Steve Witkoff s'est tout de même montré rassurant mercredi, évoquant des «signes» de la volonté de l'Iran de parvenir à un accord. «Nous discutons avec les Iraniens. Plusieurs interlocuteurs nous contactent. Je pense qu'ils sont prêts», a-t-il déclaré à CNBC.

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