Une crise frappe la Russie! «Nous n'avons pas assez de pommes de terre cette année», a averti le chef du Kremlin Vladimir Poutine fin mai à la télévision d'État. Le prix d'un kilo de pommes de terre est désormais trois fois plus élevé qu'il y a un an. Le prix des oignons a également doublé.
Une tare pour ce pays très friand du tubercule: les Russes en consomment en moyenne un kilo par semaine, rapporte la SRF. Ce kilo coûte désormais environ un franc. Une hausse non négligeable pour la population, qui ressent de plein fouet les conséquences de la guerre déclenchée en Ukraine. Alors que dans le même temps, l'appareil du pouvoir de Poutine semble avoir des problèmes financiers pour faire face aux dépenses relatives à l'armement.
Les raisons de cette pénurie de pommes de terre: de mauvaises récoltes, une inflation croissante et les sanctions infligées au pays. Ces dernières ont encouragé la Russie à devenir de plus en plus autosuffisante, cependant les semences russes sont de moins bonne qualité que celles d'Europe et les récoltes sont donc moins bonnes. De plus, il a gelé et neigé en mai, poursuit la SRF.
La main-d'œuvre fait défaut, tout devient plus cher
En mai 2025, l'inflation en Russie est retombée juste en dessous de 10% pour la première fois depuis janvier. Avec 9,9% le renchérissement reste toutefois très élevé. En Suisse, mais aussi dans d'autres pays européens comme l'Allemagne ou la France, l'inflation s'est calmée cette année.
En Russie, le renchérissement donne du fil à retordre aux agriculteurs: semences, engrais, machines, tout devient plus cher. Parallèlement, la main-d'œuvre fait défaut, puisque les hommes sont demandés sur le front. Il manque en outre des travailleurs saisonniers en provenance d'Asie.
Lors d'un forum à Saint-Pétersbourg, le ministre russe de l'Economie Maxim Rechetnikov a eu des mots très clairs: «D'après les chiffres, nous avons un ralentissement, d'après le ressenti actuel des entrepreneurs, nous sommes déjà à la limite du passage à la récession.»
Pour le ministre de l'Economie, la raison de la menace de récession est avant tout le niveau élevé des taux d'intérêt, écrit le «Tagesspiegel». Il rend donc la banque centrale russe responsable des difficultés financières des entreprises, et donc aussi des agriculteurs.
Taux directeur à un niveau record
Le taux directeur en Russie est actuellement de 20%. Pour la première fois depuis septembre 2022, la présidente de la banque centrale Elvira Nabiullina a baissé le taux directeur d'un point de pourcentage en juin dernier. S'agissait-il déjà d'une réaction aux critiques du ministre de l'Economie?
Les ressources financières épuisées
Quoi qu'il en soit, la présidente de la banque centrale voit elle aussi des difficultés s'abattre sur l'économie russe. Car jusqu'à présent, la Russie a maintenu l'économie à flot grâce à l'argent du fonds de prospérité et aux réserves de capital existantes du système bancaire. Mais cela pourrait bientôt prendre fin: «Nous devons comprendre que nombre de ces ressources sont effectivement épuisées, et nous devons réfléchir à un nouveau modèle de croissance», a déclaré Elvira Nabiullina au «Tagesspiegel». Elle n'a toutefois pas précisé à quoi pourrait ressembler ce nouveau modèle.
Selon Poutine, une récession ne doit survenir «en aucun cas». En augmentant la productivité, il veut obtenir des salaires plus élevés pour ses compatriotes. Il n'est pas certain qu'il y parvienne.
Car avec l'inflation élevée, les paysans ne devraient pas devenir plus productifs, le taux directeur élevé rend les gros investissements difficiles. Pour financer un nouveau tracteur ou d'autres machines, de nombreux agriculteurs sont finalement tributaires d'un crédit. Et sans tracteur, pas de nouvelles pommes de terre.