«Des atrocités inimaginables»
La CPI s'inquiète des crimes contre l'humanité commis au Darfour

La procureure adjointe de la CPI affirme qu'il y a de bonnes raisons de croire que des crimes de guerre et contre l'humanité sont toujours commis au Darfour. Elle souligne la gravité de la situation humanitaire et l'urgence d'agir face aux atrocités en cours.
Publié: 10.07.2025 à 22:46 heures
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La procureure adjointe de la CPI affirme que des crimes de guerre et contre l'humanité sont toujours commis au Darfour.
Photo: IMAGO/Le Pictorium
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AFP Agence France-Presse

Il y a de «bonnes raisons de penser que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité» sont toujours commis au Darfour, dans l'ouest du Soudan ravagé par la guerre, a déclaré jeudi la procureure adjointe de la Cour pénale internationale (CPI).

«Sur les bases de nos enquêtes indépendantes, la position de notre bureau est claire. Nous avons de bonnes raisons de penser que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis et continuent à être commis au Darfour», a indiqué Nazhat Shameem Khan devant le Conseil de sécurité de l'ONU, sans désigner de possibles responsables.

«Cette conclusion est basée sur des activités intenses du bureau ces six derniers mois et lors des périodes précédentes», a-t-elle ajouté, précisant que les équipes du procureur s'étaient concentrées ces derniers mois sur les crimes commis dans l'ouest du Darfour, en interrogeant notamment les victimes ayant fui au Tchad voisin. «Nous nous réunissons à un moment où il semble difficile de trouver les bons mots pour décrire l'ampleur de la souffrance au Darfour», a-t-elle noté.

«Les choses peuvent encore empirer»

«La situation humanitaire a atteint un niveau intolérable. Hôpitaux, convois humanitaires et autres objets civils semblent pris pour cible. La famine augmente et l'aide humanitaire n'atteint pas ceux qui en ont un besoin urgent. La population est privée d'eau et de nourriture. Le viol et les violences sexuelles sont utilisés comme arme. Les enlèvements contre rançon ou pour renforcer les rangs des groupes armés sont devenus courants», a-t-elle décrit. «Et pourtant, ne nous faisons aucune illusion, les choses peuvent encore empirer».

La CPI, saisie en 2005 par le Conseil de sécurité de l'ONU concernant la guerre civile qui avait fait environ 300.000 morts au début des années 2000, a ouvert en 2023 une nouvelle enquête pour crimes de guerre dans cette région touchée également par le nouveau conflit qui oppose depuis plus de deux ans l'armée soudanaise aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

La première décision des juges de la CPI sur les crimes commis au Darfour il y a 20 ans est attendue dans le dossier d'Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman, connu sous le nom de guerre d'Ali Kosheib, dont le procès s'est terminé fin 2024.

«Je veux dire clairement à ceux qui sont sur le terrain au Darfour en ce moment, à ceux qui infligent des atrocités inimaginables à la population, qu'ils ont peut-être un sentiment d'impunité – comme a pu l'avoir par le passé Ali Kosheib – mais nous travaillons intensément pour que le procès d'Ali Kosheib ne soit que le premier», a insisté Nazhat Shameem Khan. Elle n'a toutefois indiqué ne pas pouvoir donner plus de détails sur les enquêtes en cours, assurant que des progrès «concrets, positifs et importants» ont été faits.

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