«La séance est levée» a déclaré en fin de matinée, pour la 50e fois, le député qui préside aux débats en vertu de son âge Avni Dehari. La séance reprendra mercredi. Plusieurs députés ont tenté de prendre la parole, mais l'aîné du Parlement a coupé leurs micros.
La vie politique kosovare est bloquée depuis les élections remportées par le parti au pouvoir Vetëvendosje («Autodétermination» - VV, centre gauche). La formation du Premier ministre sortant Albin Kurti, avec 48 sièges sur 120, n'a pas obtenu de majorité absolue et ne parvient pas à trouver de partenaire de coalition. Conséquence: le parlement issu des législatives se réunit tous les deux jours comme le prévoit la loi, et échoue à chaque fois à élire son ou sa présidente.
L'opposition refuse à chaque séance de voter pour la candidate de VV, l'ancienne ministre de la Justice Albulena Haxhiu, et demande à Albin Kurti de changer de candidate - ce que le Premier ministre sortant refuse catégoriquement.
Selon la loi, aucun gouvernement ne peut être formé sans que le président du parlement ne soit préalablement élu, puisque le parlement, une fois constitué et officiellement en fonction, doit voter pour approuver ou non le gouvernement.
«Pris en otage»
«Le Kosovo est pris en otage par Albin Kurti», a déclaré lundi la secrétaire générale du Parti démocratique du Kosovo (PDK, centre droit), Vlora Citaku.
Sans président du parlement, aucun gouvernement ne peut être formé pour diriger le Kosovo, 1,5 million d'habitants. Plusieurs analystes estiment que le pays pourrait se diriger vers des élections anticipées si aucun compromis n'est trouvé rapidement.
Si la loi ne prévoit pas de délai maximum pour l'élection d'un ou une présidente du Parlement, la Cour constitutionnelle a récemment statué que le blocage devait prendre fin d'ici le 26 juillet.
Les députés doivent d'ici samedi «remplir leur obligation constitutionnelle de constituer le parlement de la République du Kosovo par l'élection du président et des vice-présidents parlementaires», a statué la cour fin juin - mais aucune avancée n'a été enregistrée depuis.
Ce blocage pourrait coûter des millions d'euros d'aide de l'UE au Kosovo, retardant notamment la ratification d'accords d'aide européenne, privant le pays d'un accès à près de 883 millions d'euros en prêts et subventions.