Le lien intense entre un propriétaire et son animal peut parfois peser sur les relations humaines. Sur les réseaux sociaux, on trouve d'innombrables vidéos d'animaux de compagnie jaloux. Un chien qui se faufile entre un couple pour marquer sa présence ou encore un chat qui montre où il se situe dans la hiérarchie d'un coup de patte bien placé. La question alors se pose: est-ce vraiment de la jalousie?
Les perroquets s'en arrachent les plumes
«Il est difficile de dire si les animaux sont vraiment jaloux, d'autant plus que la jalousie est une émotion complexe dont la définition exacte est controversée même dans le monde scientifique», explique Anneli Muser Leyvraz, vétérinaire comportementaliste et présidente de la section spécialisée de l'Association vétérinaire suisse pour la médecine comportementale.
Au sens psychologique, la jalousie se compose de l'insécurité, de la peur et du besoin de confirmation. Le dictionnaire de psychologie Pschyrembel la définit comme «un sentiment de méfiance ou de rivalité par rapport à l'amour, l'affection ou la reconnaissance. Elle se manifeste par de l'agressivité ou de la plainte, qui peut conduire à un rejet si l'état émotionnel de base n'est pas correctement interprété».
De telles tensions émotionnelles peuvent également apparaître chez les animaux, par exemple lorsqu'ils voient leur position dans leur environnement menacée. En réaction, les chiens et les chats grondent, grognent ou mordent le fauteur de troubles ou, à l'inverse, réagissent par un désintérêt total. Chez les perroquets, cela peut aller jusqu'à l'automutilation dans les cas les plus extrêmes. Ils s'arrachent alors les plumes avec leur bec. «De notre point de vue, ce comportement s'apparente naturellement à de la jalousie», explique Anneli Muser Leyvraz.
La naissance d'un enfant, source de conflit?
Lorsqu'un animal est négligé par sa personne de référence principale ou qu'il ressent un rejet, il cherche à se sentir en sécurité. Si celle-ci fait défaut, des troubles du comportement s'ensuivent.
Un cas classique est la naissance d'un enfant. Si le chien est ignoré dès que le bébé est dans la pièce, il l'associe à ce sentiment négatif. Anneli Muser Leyvraz conseille donc d'accorder au chien de l'attention et de l'affection précisément lorsque le bébé est présent. Le chien associe ainsi l'enfant à une émotion positive et se réjouit de l'agrandissement de la famille.
Nouveau partenaire, nouveau concurrent?
Mais les choses peuvent se compliquer lorsqu'un nouveau venu fait son apparition. Si le chien déjà présent dans le foyer montre des signes de stress, il est alors particulièrement utile de lui aménager un lieu de retraite positif, de préférence avec ses jouets et sa couverture préférée. «Le chien apprend alors que c'est son endroit et qu'il peut s'y détendre», précise Anneli Muser Leyvraz.
Ce qui n'aide en aucun cas, ce sont les punitions, souligne l'experte. «Qu'il s'agisse d'un pistolet à eau ou d'une tape sur la patte, il est difficile de faire comprendre à un animal pourquoi il est puni de cette façon.» En réalité, cela génère encore plus d'insécurité. «L'animal ne comprend pas pourquoi sa personne de référence le rejette, en plus dans une situation déjà pénible.» Au lieu d'être soutenu, il en résulte une méfiance et une distance émotionnelle qui ne feront que renforcer le conflit. La réaction d'un animal domestique face à un nouvel arrivant ne dépend donc pas uniquement du comportement de l'animal en lui-même, mais aussi et surtout de celui de son propriétaire.