Âgé de 80 ans, Joe Biden voit la confiance que les Américains lui portent en prendre un sérieux coup. Deux tiers des électeurs ne souhaitent pas voir le démocrate briguer un second mandat. La popularité de sa vice-présidente Kamala Harris est aussi en chute libre. Tout ceci alors que les premières primaires démocrates du 3 février en Caroline du Sud approchent à grands pas.
L'arme secrète des démocrates pour lutter contre le candidat républicain Donald Trump s'appelle Gavin Newsom. Le gouverneur californien de 55 ans a tout pour faire un bon candidat à la présidence: expérience de direction, charisme et la cote des sondages. Ces derniers le placent gagnant face à Donald Trump.
Tous les signes montrent que cet ancien négociant en vin se prépare à la course à la Maison Blanche. A priori, seules trois raisons pourraient remettre en question une candidature. Les voici:
Un refus de l'intéressé
Cela semble logique, mais il faut néanmoins le citer. Le gouverneur pourrait de lui-même refuser une candidature. Pour le moment, il ne cesse de répéter qu'il ne se présentera pas contre Joe Biden. Mais ce dernier pourrait tout à fait se retirer de la course. Ce n'est que lors de la convention du Parti démocrate en août 2024 que le candidat définitif sera choisi.
Une femme noire devant un homme blanc
La suppléante de Joe Biden, Kamala Harris, semble être la remplaçante logique du président actuel. Au sein du Parti démocrate, qui se définit de plus en plus par sa politique identitaire, l'homme blanc qu'est Gavin Newsom serait certainement en mauvaise posture s'il voulait écarter Kamala Harris – une femme, noire qui plus est – de la course. Mais les résultats catastrophiques de celle-ci dans les sondages peuvent cependant relativiser ce postulat.
Une crise californienne
Le Golden State a connu son apogée. Aujourd'hui, quatre Californiens sur dix envisagent de quitter l'État. L'épidémie de drogues ne cesse de s'étendre et le prix de l'essence (un indicateur politique important aux États-Unis, pays de l'automobile) bat des records. Il sera facile pour les Républicains de dépeindre le chef du gouvernement californien comme un raté élitiste sans compréhension pour le citoyen ordinaire.
Voilà donc trois points qu'il faut garder en tête avant d'envisager une candidature de Gavin Newsom. Mais il y a aussi quatre signes clairs qui montrent que le Californien est prêt à faire le grand saut:
Trump en a peur
Pour savoir de qui Donald Trump a peur, il suffit d'écouter ses discours. L'ex-président cible toujours ceux qui le menacent. Et voilà que la semaine dernière, lors d'une intervention à un événement républicain, Donald Trump s'en est pris sans relâche à Gavin Newsom. C'est un «fou», a déclaré l'ex-président en faisant référence à sa décision de ne vendre que des voitures électriques en Californie à partir de 2035. Donald Trump estime que les faits d'armes de Gavin Newsom sont «terribles». Le chemin vers la Maison Blanche «ne sera pas facile», a déclaré Donald Trump.
Une nomination stratégique
Après le décès de la sénatrice californienne Dianne Feinstein la semaine dernière, le gouverneur Gavin Newsom a dû nommer un remplaçant. Son choix s'est porté sur Laphonza Butler, 44 ans, toute première sénatrice noire lesbienne. Avec cette nomination, Gavin Newsom se pose en défenseur des femmes et des minorités. Il coupe déjà l'herbe sous le pied de ceux qui, s'il se présentait, le critiqueraient pour avoir voulu priver Kamala Harris de sa chance d'accéder à la Maison Blanche.
Des roadtrips politiques
Le chef du gouvernement californien voyage en ce moment à travers tous les États-Unis, comme peu de candidats officiels à la présidence. Il s'est rendu dans des bastions républicains comme l'Alabama, l'Idaho ou l'Arkansas pour encourager les démocrates locaux et les soutenir financièrement avec son organisation Campaign for Democracy.
Gavin Newsom joue également les gros bras dans les médias. Il va de plateaux TV en plateaux TV. Tout cela en passant par des émissions résolument de gauche sur MSNBC jusqu'à l'émission de Sean Hannity, présentateur de l'extrême droite sur Fox News.
Un débat contre Ron DeSantis
Le 30 novembre, Gavin Newsom se lancera dans un débat face au candidat républicain à la présidence Ron DeSantis sur Fox News, en plein milieu de la phase initiale de la campagne électorale. Le Californien ne pourrait pas donner un signe plus clair de ses intentions présidentielles. Son acceptation du débat le montre: l'homme n'a aucun scrupule à s'opposer à de puissants adversaires.
Peut-être que Joe Biden regardera lui aussi le débat. Peut-être se dira-t-il alors que cet homme est tout à fait qualifié pour le poste à pourvoir. Le président américain ne serait pas, loin de là, le premier démocrate à en arriver à cette conclusion.