«Le shopping est mon sport d'endurance», a coutume de dire la star de «Sex and the City», Sarah Jessica Parker. Un credo que le Taïwanais Jen-Hsun Huang semble aussi appliquer. Ces derniers mois, le CEO de Nvidia a entamé la plus vaste opération d’acquisitions jamais menée par une entreprise technologique à Wall Street.
Nvidia compte plusieurs «petits» achats à son actif, comme Gretel, une entreprise de données de San Diego (320 millions de dollars) ainsi que la jeune start-up chinoise Lepton AI, créée il y a deux ans (700 millions de dollars). Jen-Hsun Huang a aussi dépensé 900 millions de dollars pour obtenir la technologie d'Enfabrica, tout en engageant son CEO, Rochan Sankar.
Le fabricant de puces a également réalisé de gros investissements: jeudi dernier, Nvidia a acquis 4% d'actions du fabricant de semi-conducteurs Intel pour un montant de 5 milliards de dollars. Et ce lundi, le géant des puces électroniques a annoncé investir 100 milliards de dollars dans le groupe tech Open AI, dont fait notamment partie Chat GPT. Une somme colossale!
Un shopping historique
L'investissement de 100 milliards de dollars de Nvidia dans Open AI est unique: il ne s'agit pas d'une acquisition classique, mais d'une participation sans droits de vote. Open AI s'engage toutefois à acheter massivement des puces Nvidia en contrepartie. Jusqu'à présent, les plus grosses transactions tech ont été réalisées par Microsoft, avec le rachat en 2022 d'Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars, et par Dell, qui a racheté EMC en 2015 pour 67 milliards de dollars.
Jen-Hsun Huang dépasse tout ce que le secteur de la technologie a connu jusqu'à présent. Il veut assurer à Nvidia la suprématie dans le secteur de l'IA, encore en plein essor. Son entreprise domine déjà le marché des puces qui alimentent les systèmes d'IA modernes. Mais le Taïwanais met actuellement tout en œuvre pour étendre ce monopole, que cela concerne le matériel, les logiciels, les applications ou les services cloud.
La course avec la Chine
En cause: une concurrence chinoise de plus en plus sérieuse. Huawei a récemment fait sensation avec un nouveau superordinateur, décrit par les médias comme le «tueur de Nvidia». L'entreprise chinoise compte sur la mise en réseau de centaines de ses propres processeurs, en créant une puissance de calcul qui pourrait donner des sueurs froides à Nvidia. Une chose est sûre: Pékin ne veut pas perdre la course de l'IA face aux Etats-Unis. Et les achats massifs de Nvidia rendent le pays de plus en plus nerveux.
On l'a vu la semaine dernière: Xi Jinping a ordonné aux géants de la technologie, comme l'éditeur de Tiktok Bytedance et Alibaba, de ne plus acheter de puces IA produites par Nvidia. Les commandes en cours ont dû être immédiatement annulées.
Malgré ce revers, Nvidia séduit les investisseurs à Wall Street. Avec une capitalisation boursière de 4,46 billions de dollars, l'entreprise est la plus chère au monde. Le cours de l'action a presque doublé depuis avril, passant de 96 à 184 dollars.