Censure rejetée à 271 voix
Ces 5 chiffres expliquent la survie du gouvernement français

Sébastien Lecornu a réussi son pari. La majorité absolue indispensable de 289 députés n'a pas été obtenue lors du vote des motions de censure contre son gouvernement. Le débat budgétaire peut s'engager. Et il sera rude.
Publié: 08:49 heures
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Dernière mise à jour: il y a 13 minutes
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Sébastien Lecornu espère éviter de peu le vote d'une motion de censure qui ferait tomber son gouvernement.
Photo: imago/IP3press
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Richard WerlyJournaliste Blick

Sébastien Lecornu a gagné un avenir comme Premier ministre. A peine renommé à la tête du gouvernement français, sa longévité risquait d'être brève lorsqu'il s'est présenté, jeudi matin, devant l'Assemblée nationale. Deux motions de censure étaient en effet déposées par le Rassemblement national (RN, droite nationale populiste) et La France Insoumise (LFI, gauche radicale) Or les deux ont échoué à rassembler une majorité d'élus. Voici les 5 chiffres qui résument la survie de Lecornu II.

289, majorité absolue

Il faut 289 députés pour faire tomber un gouvernement en France, soit la majorité absolue des élus (sur 577). Or ils n'ont été que 271 à voter, ce jeudi, la motion de La France Insoumise (Gauche radicale). Une motion de censure, prévue par l’article 49 de la Constitution, est déposée par un groupe politique et soumise au vote de l’ensemble des députés. Ceux qui s’abstiennent, ou ne votent pas, ne sont pas comptés. Le Rassemblement national (RN, droite nationale populiste) et La France Insoumise ont déposé chacun un texte. Ils pouvaient compter sur 264 voix. Ils ont atteint 271, grâce à des défections à gauche et à droite. Mais cela n'est pas passé. La négociation du budget, fixée comme unique priorité par le Premier ministre, peut s'engager.

69, le pouvoir du PS

Le Parti socialiste compte aujourd’hui 69 députés à l’Assemblée nationale. Ils sont dirigés par Boris Vallaud. Lequel a prononcé lundi le discours de réponse au nouveau Premier ministre, sans affirmer que son parti ne votera pas un jour la censure. Sept députés ont choisi de se dissocier de la stratégie du parti, à savoir pas de vote contre ce gouvernement qui s’est engagé à suspendre la réforme des retraites de 2023, à prendre des mesures en faveur du pouvoir d’achat, et à examiner une nouvelle taxation des plus riches. Mais attention: le couperet du PS peut à n'importe quel moment tomber sur Lecornu II. 18 voix de plus, et la censure sera votée.

264 ou 271?

264 était le chiffre des députés réunis, à priori, par les oppositions résolues à faire tomber le gouvernement Lecornu II et, derrière, à mettre Emmanuel Macron le dos au mur. Ces voix incluent celles du Rassemblement national et de ses alliés du parti d’Eric Ciotti, de La France Insoumise, des écologistes et des communistes. Au final: sept autres élus ont rejoint cette coalition, notamment des députés d’outre-mer, mécontents du traitement budgétaire de leurs territoires. Le nouveau chiffre clé, désormais, est donc 271.

30 milliards, et alors?

C’est le chiffre annoncé des économies budgétaires contenues dans le projet de loi de finances déposé lundi au parlement par le gouvernement. Pas étonnant: trente milliards d’euros est un chiffre intermédiaire entre les 44 milliards proposés par l’ancien Premier ministre François Bayrou (démissionnaire le 8 septembre après un vote de défiance à l’Assemblée) et les 22 milliards d’euros d’économies prévus dans le contreprojet du Parti socialiste. Problème: ce chiffre ne tient guère car le budget sera amendé, c’est certain. Pour mémoire: la seule charge des taux d’intérêt de la dette s’élève chaque année en France à près de 60 milliards d’euros. On est loin du compte…

62 ans et neuf mois

C’est désormais l’âge légal de départ à la retraite en France. Et le curseur devrait rester bloqué sur cet âge si la réforme de 2023 est suspendue jusqu’à l’élection présidentielle de mai 2027. Une suspension qui ne sera effective qu'après l'adoption du budget de la sécurité sociale, puisqu'elle a été introduite sous forme d'un amendement du gouvernement. Normalement, l’âge de départ devait progressivement atteindre 64 ans, ce qui reste en deçà de tous les voisins européens. Question: une renégociation complète, pour modifier l’actuel système par répartition et introduire une part de capitalisation par exemple, va-t-elle être engagée? Ou va-t-on revenir à la réforme de 2023 si le budget n'est pas adopté? Pour rappel: le coût estimé de ce gel de la réforme jusqu’en mai 2027 est estimé entre trois et quatre milliards d’euros.

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