Son retour est prévu
Service militaire en France: pourquoi Macron a tout faux

Le président français va, ces jours prochains, annoncer la réintroduction d'un service militaire «volontaire». La conscription «à la carte»? En coulisses, la plupart des experts jugent que c'est une mauvaise solution.
Publié: 08:58 heures
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Le chef d'état-major français Fabien Mandon a déclenché une polémique en demandant davantage de sacrifices à la nation.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Emmanuel Macron va l’annoncer dans les jours prochains. Il l’a déjà évoqué dans un entretien sur la radio RTL ce mardi 25 novembre: le retour d’une forme de service militaire est programmé en France. La conscription obligatoire, pour rappel, a été abandonnée dans le pays en 1996 par Jacques Chirac. Elle a, pour être précis, été suspendue. Depuis bientôt quarante ans, l’armée française, forte d’environ 200 000 soldats, est entièrement composée de professionnels, épaulés par 45'000 réservistes.

Le retour de la conscription, projet de société? C’est ce que réclame une grande majorité de Français. 86% d’entre eux, selon un récent sondage, sont favorables à sa réintroduction. Les chiffres sont plus nuancés toutefois sur les modalités. Seules 53% des personnes interrogées voudraient que ce service soit obligatoire. Et ils ne sont plus que 32% à réclamer que cette obligation soit la même pour les garçons et les filles.

Service volontaire

Ce qu’Emmanuel Macron compte annoncer est différent. Il s’agira d’un service militaire volontaire, qui permettrait aux jeunes intéressés, de sexe masculin ou féminin, de passer au minimum dix mois sous les drapeaux, contre une rémunération mensuelle proche des 800 euros. 

Une sorte de stage militaire de longue durée, dont le but ne serait pas le brassage social de la conscription «à la suisse», mais le renfort aux soldats professionnels. L’objectif annoncé est d’ajouter entre 10'000 et 50'000 effectifs. 

Sauf que toutes les questions demeurent ensuite ouvertes: comment financer cet effort, dans un pays où le parlement ne parvient pas ces jours-ci à s’entendre sur un budget pour 2026? Et pourquoi vouloir grossir les effectifs alors que l’enjeu militaire est avant tout celui des équipements: la France est par exemple, comme la plupart de ses voisins européens (Suisse incluse) très dépourvue de drones et de défense antiaérienne, les deux éléments décisifs dans la guerre qui je déroule aujourd’hui en Ukraine.

Autre débat ouvert par cette proposition que le président français pourrait vouloir soumettre à référendum: l’efficacité de ces troupes supplémentaires. Ne faudrait-il pas mieux augmenter le nombre des réservistes, voire créer sur le modèle américain une forme de «garde nationale» qui s’ajoute aux forces armées régulières? 

La question centrale est en effet celle du danger auquel serait exposé les nouvelles recrues de ce service militaire. Pourraient-ils être envoyés à proximité des zones futures de combat, voire au combat? Seraient-ils stationnés sur le territoire national, alors que les soldats professionnels pourraient – comme c’est le cas aujourd’hui pour les Français en Roumanie – être déployés dans des pays européens directement confrontés à la menace de la Russie, citée comme la principale?

Les pieds dans le plat

Un homme a mis les pieds dans le plat sur les sacrifices que doit consentir la nation, en plus de consacrer près de 60 milliards d’euros à sa défense pour 2026, seul poste budgétaire en nette augmentation: le chef d’état-major français Fabien Mandon. Celui-ci a récemment déclenché une polémique en appelant le pays à accepter d’envoyer «ses enfants» pour le défendre. Mais jusqu’où? Et dans quelles conditions? 

Aussitôt, les adversaires de cette posture ont tiré le signal d’alarme sur le risque de voir des soldats français déployés en Ukraine. Ce qu’Emmanuel Macron a nuancé sur RTL. Hors de question d’intervenir avec des soldats dans le conflit actuel. Si l’armée française se déploie, en arrière du front, cela sera uniquement dans le cadre de forces de garanties dont la «coalition des volontaires», les trente pays alliés de l’Ukraine, doit discuter ce mardi 25 novembre lors d’une réunion en visioconférence.

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