Tollé féministe
Les 5 fautes de Brigitte Macron face aux «sales connes»

L'épouse du président français a commis une grave erreur en s'emportant contre des militantes, dans une conversation avec l'humoriste Ary Abittan. Pas parce qu'elle a exprimé sa colère. Mais parce qu'elle a oublié son rôle, dans un pays sous tension.
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L'épouse du président français a accompagné ce dernier en Chine les 5 et 6 décembre.
Photo: AP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Brigitte Macron a des raisons d'être à cran. En ce moment même, ses avocats américains planchent sur la plainte pour diffamation déposée par elle et son époux auprès de la justice du Delaware, aux Etats-Unis, contre l'influenceuse Candace Owens, qui l'accuse d'être un homme. Une influenceuse qui, désormais, se dit «pourchassée» et ciblée par une «tentative d'assassinat» ordonnée par le président français. De quoi pourrir la vie de la Première dame, guettée à chaque fois qu'elle sort du palais présidentiel de l'Elysée.

Est-ce parce qu'elle n'en peut plus de cette pression que l'épouse d'Emmanuel Macron a traitée de «sales connes» des activistes venues perturber le spectacle de l'humoriste Ary Abittan, visé par des accusations de viol écartées par la justice française qui a prononcé un non lieu en première instance en avril 2024, puis en appel en janvier 2025? Ou est-ce parce que le second mandat de son mari s'achève bientôt, en mai 2027? Dans les deux cas, cela ne se justifie pas. Car en parlant ainsi, Brigitte Macron a commis cinq fautes qui pourraient coûter cher au couple présidentiel. 

La faute protocolaire

L'épouse d'un chef de l'Etat est tenue à un devoir de réserve. Et, surtout, obligée de réfléchir à deux fois (voire plus) avant de lancer des invectives contre tel ou tel. Il est certain que des femmes de caractère, comme Bernadette Chirac ou Danièle Mitterrand, ont eu des mots très durs contre les uns ou les autres, dans les couloirs feutrés de l'Élysée ou en aparté avec leurs époux ou collaborateurs. Mais le fait de traiter des militantes de «sales connes» aux Folies Bergère, samedi 6 décembre, c'est-à-dire dans un théâtre parisien très fréquenté, n'est pas seulement une formulation déplacée ou contestable: c'est une faute politique et protocolaire. 

La faute de goût

Ary Abittan est humoriste. Il a obtenu un non-lieu en appel en janvier 2025 après avoir été accusé de viol en octobre 2021 par une jeune femme qu'il fréquentait depuis quelques semaines. Est-ce que cela lui donne le droit de se produire à nouveau en public et d'exiger le respect de la justice? Oui. Est-ce que cela pose problème de voir que, même après un non-lieu à l'issue de trois ans et demi d'instruction, une personnalité publique reste vilipendée pour les faits qui n'ont pas abouti à un procès? Oui.

Reste le contexte. Abittan est humoriste. C'est un acteur. Traiter de «sales connes» les activistes venues perturber son spectacle est, dans ce contexte, tout à fait déplacé et stupide. Cet écart de langage est une grave faute de goût que tous les complotistes vont sans doute reprendre pour dire que Brigitte Macron s'est exprimée «comme un connard de mec». 

La faute de calendrier

Nous sommes à la fin de l'année 2025. La France est sous tension politique. Emmanuel Macron n'a jamais été aussi fragile. Les sondages lui accordent une cote de popularité inférieure à 15%. Le «dégagisme» souffle fort dans le pays, où la discussion parlementaire sur le budget a rarement été si compliquée. Dans un tel moment, le couple présidentiel se doit d'incarner la stabilité plutôt que la provocation. Mais il est vrai qu'Emmanuel Macron, lui aussi, aime provoquer.

On se souvient de ces formules chocs qui lui ont coûté cher, sur le «pognon de dingue» dépensé par l'Etat, ou le «Je traverse la rue et je vous trouve un travail». Le moment n'était pas adapté pour lâcher une telle formule contre des activistes dont Brigitte Macron connaît la ténacité.

La faute conjugale

Emmanuel Macron n'avait pas besoin de cette nouvelle polémique conjugale. On se souvient de la polémique qui avait éclaté en mai 2025, alors que le président français s'apprêtait à descendre de l'avion présidentiel. Des images avaient montré un geste a priori violent de son épouse à son endroit. Dispute? Jeu entre mari et femme? Dans le cas du spectacle d'Ary Abittan, la sortie de Brigitte Macron revient à souffler sur des braises lourdes de douleur pour les femmes violées ou harcelées par des personnalités publiques. L'ex-enseignante, qui a passé sa vie à encadrer des jeunes, peut-elle l'oublier?

La faute personnelle

Lorsque l'actrice Judith Godrèche riposte en disant «La conne, c'est moi», le fossé culturel est rouvert. D'un côté, les indignées. De l'autre, l'élite qui a toujours refusé de regarder en face les violences faites aux femmes. Difficile de dissocier l'émotion suscitée par ces paroles de Brigitte Macron de sa propre histoire avec son époux, qu'elle a connu adolescent alors qu'elle enseignait dans son lycée à Amiens. L'épouse du président, connue pour son fort caractère et ses opinions conservatrices, serait-elle en train de mal vieillir?

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