Candace Owens versus Brigitte et Emmanuel Macron: cette affiche judiciaire promet d’attirer une foule de reporters et de chroniqueurs judiciaire lorsque les juges de l’Etat du Delaware s’empareront du dossier. Le président français et son épouse âgée de 72 ans, viennent en effet de déposer plainte pour diffamation et escroquerie contre l’influenceuse américaine, suivie par plusieurs millions d’abonnés sur les réseaux sociaux.
Le fait de porter cette affaire devant la justice aux Etats-Unis est la conséquence directe de la relaxe par un tribunal français, le 10 juillet, des deux influenceuses tricolores qui continuent d’affirmer que Brigitte Macron est en réalité un homme. Natacha Rey et Amandine Roy avaient été condamnées en septembre 2024 à payer plusieurs milliers d’euros de dollars et intérêts à l’épouse du président et à celui dont elle aurait usurpé l’identité: son frère, Jean-Michel Trogneux.
Relaxées pour «bonne foi»
Leur relaxe, au motif de leur bonne foi, a ulcéré l’Elysée, qui redoute une nouvelle flambée de rumeurs sur les réseaux sociaux. Brigitte Macron et son frère se sont donc pourvus en cassation, et la décision a été prise de taper fort là où la rumeur circule le plus: les Etats-Unis, dont les réseaux et les influenceurs irriguent le monde anglophone.
La plainte pour diffamation des époux Macron inclut 22 chefs d’accusation. Son objectif clair est de toucher l’influenceuse Candace Owens au portefeuille. L’avocat du couple présidentiel français, Tom Clare, accuse en effet cette dernière de s’être enrichie grâce à ses accusations infondées, et leur avoir fait subir des «dommages économiques substantiels», notamment la perte d’opportunités commerciales futures.
Futures conférences aux Etats-Unis
Explication: Emmanuel Macron redoute qu’après son départ de la présidence de la République, en mai 2027, les possibilités de très lucratives conférences aux Etats-Unis ne se matérialisent pas si le scandale à propos de sa femme n’appartient pas au passé. Pour les Macron, la campagne menée par Candace Owens équivaut à «une entreprise d’humiliation planétaire» dont elle doit payer le prix fort.
L’intéressée n’a, pour l’heure, pas l’intention de reculer et de renoncer à ses interventions vidéo lors desquelles elle détaille le physique de Brigitte Macron, pour affirmer qu’elle n’est pas une femme, sans apporter la moindre preuve. En mars, la commentatrice conservatrice, aujourd’hui proche de Donald Trump, a connu un grand succès avec des vidéos YouTube intitulées «Becoming Brigitte» («Devenir Brigitte») ou «La première dame de France est-elle un homme?». Elle aurait vendu des produits dérivés promouvant cette théorie. Candace Owens aurait enfin, selon les défenseurs de la famille Macron, refusé d’interrompre sa campagne de dénigrement et de harcèlement numérique.
Justice au Delaware
L’Etat américain du Delaware – celui dont l’ex président Joe Biden fut le Sénateur pendant plusieurs décennies – a les lois les plus restrictives du pays en matière de diffamation. Selon celles-ci, «la diffamation est une fausse déclaration, orale ou écrite, communiquée à un tiers, qui tend à présenter le sujet sous un jour défavorable».
Toutes les plaintes pour calomnie et diffamation sont des plaintes civiles. Pour obtenir gain de cause, la victime présumée doit démontrer que son adversaire a publié ou diffusé verbalement une fausse communication de faits, causé un préjudice matériel ou une atteinte à la réputation du plaignant ou agi par négligence ou avec une intention malveillante. Les accusés sont le plus souvent condamnés s’il y a suffisamment d’informations pour qu’une «personne raisonnable» comprenne que le plaignant est la cible.
Peines maximales
Si la preuve est apportée que les informations relayées par la personne accusée sont fausses, la peine maximale est infligée. Deux cas de figure peuvent entraîner des condamnations à des sommes très importantes. Le premier est celui «dommages-intérêts spéciaux» visant à indemniser le plaignant pour les dépenses engagées en raison de la diffamation ou de la calomnie. Le second est celui de dommages et intérêts punitifs dans les cas «où la diffamation est intentionnelle et malveillante».