Après le KO de Milan 5-0
J'ai vu Paris se transformer (enfin) en paradis du foot

5-0 en finale de la Ligue des champions! Les supporters parisiens ne pouvaient pas imaginer un tel triomphe du Paris Saint-Germain face à l'Inter Milan de Yann Sommer. Et toute la nuit, la ville s'est transformée en paradis du ballon rond.
Publié: 01.06.2025 à 08:35 heures
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Dernière mise à jour: 01.06.2025 à 10:30 heures
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La tour Eiffel aux couleurs du PSG, et ce message qui s'affiche: Merci Paris! Paris champion!
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Impossible de ne pas se laisser emporter. Impossible, surtout, de ne pas voir que cette finale de Coupe d’Europe enfin remportée par le PSG a transformé Paris. Jusque-là, la capitale française dominait le football hexagonal sans réussir à se faire aimer. Au terme d'une nuit malheureusement marquée par des violences urbaines, la mutation a eu lieu.

La victoire parisienne sur l’Inter Milan vient en effet de tout changer. Les feux d’artifice crèvent le ciel. La tour Eiffel s'est mise aux couleurs du PSG à chacun de ses buts. Cinq sacres colorés. Puis le sacre final et ces couleurs qui illuminent l'impératrice d'acier, face à la Seine. Les supporters du club sont partout. Des dizaines de milliers. «Paris est la capitale d’Europe du foot», lâche devant nous, dans le quartier latin, une grappe de fans, hissés sur le toit d’une voiture. Le drapeau du PSG flotte au-dessus de la foule. Cette nuit, Paris s’est bien transformée en paradis du ballon rond.

Marée de supporters

Ils squattent les grandes avenues. Le Parc des princes, le stade où près de trente mille supporters ont suivi le match sur écran géant, déverse une marée de supporters qui hurlent leur bonheur et leur fierté. Porte de Saint Cloud, juste devant le stade, trois voitures incendiées montrent que tout aurait pu dégénérer. Fort heureusement, cela n’a pas été le cas. Paris est une fête, pas une jungle, même si l’un des grands magasins des Champs Élysées, mal sécurisé, a été pillé de fond en comble, et que des voitures y ont aussi été incendiées. Il est près de minuit et les 5000 policiers déployés sont peu intervenus. La place de l’Etoile et l’Arc de Triomphe sont restés hors d’atteinte. La liesse est chaotique, mais pas violente. C'est au petit matin que les désordres les plus violents sont intervenus.

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Ils sont la génération «Enrique». Si, sur les maillots revêtus par des milliers de fans, les noms des joueurs attirent le regard (y compris celui des anciens, d’Ibrahimovic à Mbappé), c’est le prénom de l’entraîneur du PSG qui est scandé. Ce 5-0 est sa victoire. Nette. Sans discussion. Une démonstration. Jonathan et ses deux frères campent au milieu des quais. Torse nu, ils arrêtent les voitures et les secouent avec des centaines d’autres fans, heureusement sans violence: «Luis Enrique, c’est le patron. Il faudrait un coach comme ça pour redresser la France.» Ça y est, la finale de Munich vient d’accoucher d’un «modèle PSG» pour la nation entière.

Toutes origines sociales

Ils sont jeunes, en grande majorité. De toutes origines sociales. De toutes les communautés. Ils crient aussi leur revanche: «Marseille, on t’encu…». Fini, le chagrin d’être la capitale qui n’a jamais gagné la Coupe d’Europe. Finie, la honte de savoir que, devant le Stade Vélodrome de l’OM, à 800 kilomètres au sud, la statue de Bernard Tapie nargue Paris. La victoire marseillaise de 1993 contre l’AC Milan est effacée. 1-0 contre 5-0. Rien à voir. L’équipe du Paris Saint-Germain qui descendra ce dimanche les Champs-Elysées, en fin d’après midi (avant d’être reçue à 19 heures par Emmanuel Macron) règne désormais sur le foot tricolore. Kyllian Mbappé n’a plus, au Real Madrid, que ses larmes et son tweet de félicitations à ses anciens coéquipiers, pour pleurer son dépit. «On a gagné sans Kiki (son surnom). Mais on ne lui en voudra jamais», lâche, devant les caméras, une géante au sourire éclatant nommée Myriam.

Sur les grandes avenues parisiennes, les hordes de supporters arrêtent sans violence les voitures, crient leur fierté d’avoir enfin gagné, et promettent de passer toute la nuit sur place, pour être les premiers lors du défilé dominical que les joueurs vont effectuer sur la plus belle avenue du monde, question ballon rond.

Champions d’Europe

Minuit. Les échos des interventions policières, aux abords du Parc des Princes et des Champs Elysées, ne gâchent pas la fête. Beaucoup de fans sont déjà écroulés, bien imbibés, résolus à patienter pour apercevoir les héros de Munich. Les cris de victoire fusent, assortis de drapeaux et de grands gestes, au milieu des rues. A la boutique des supporters, face au stade du PSG presque vidé, des dizaines de fans font encore la queue. Les maillots «Champions d’Europe» étaient prêts. A trente euros l’unité, ils sont, de loin, les plus demandés.

J’ai vu Paris se transformer enfin en capitale mondiale du foot. Les touristes étrangers, eux, ne savent plus quoi penser. Jessie, une Australienne venue étudier l’art, est coincée contre un mur au pied de l’Eglise Saint-Sulpice. Juste à côté, des centaines de fans squattent le bitume sous les yeux d’une patrouille de la Bac, les redoutées Brigades anticriminalité. Cinq policiers en civil sont prêts à intervenir. Ils rassurent la jeune femme, qui ne comprend pas cette explosion de joie qui sème le bruit et la fureur.

Merci mon frère!

Le foot? Le PSG? Ousmane Dembélé ou Désiré Doué? Jessie s’accroche à son recoin de mur. Elle ressemble à Yann Sommer, le gardien suisse de l’Inter, reclus dans sa cage de buts. Tétanisé. «Vous pensez que Paris va exploser?», interroge-t-elle, en redoutant d’être broyée par la foule de maillots flanqués de l’inévitable sponsor qui dit tout du PSG: Qatar Airways.

Le Qatar justement: personne n’en parle. L’Emirat et ses deux milliards de dollars investis dans le club parisien sont aux abonnés absents. Il est sur les maillots, c’est tout. Cette fête est parisienne. La banlieue est descendue en force. La nuit est celle des klaxons et de la folie automobile heureusement contrôlée. Les embouteillages ne dégénèrent pas. C’est déjà ça. «Paris est champion», affiche la tour Eiffel. «Merci mon frère», vient de poster sur X Emmanuel Macron, connu pour être un zélé supporter de Marseille.

La nuit s'est estompée. Paris s'éveille. Les fans du PSG sont encore omniprésents. Les terrasses des cafés passent de l'alcool au café noir. Le paradis du foot et de la ferveur populaire existe. Un an après le succès populaire des JO de 2024, la France oublie une nouvelle fois ses problèmes et ses fractures dans le chaudron du sport.

Dingue? Oui, un peu. Mais que voulez-vous «Ici, c’est Paris!»

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