Un expert les oppose
Yann Sommer contre Gianluigi Donnarumma: qui fera la différence?

Inter-PSG, c’est aussi un duel entre deux gardiens aux profils opposés: Yann Sommer, petit, mais ambidextre, et Gianluigi Donnarumma, géant, parfois fébrile. L’expert FIFA Thierry Barnerat décrypte leurs forces et leurs limites.
Publié: 00:49 heures
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Dernière mise à jour: 07:40 heures
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Yann Sommer (gauche) et Gianluigi Donnarumma seront opposés ce samedi en finale de Champions League.
Photo: Urs Lindt/freshfocus
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Bastien FellerJournaliste Blick

L'Inter Milan contre le Paris Saint-Germain. Un duel de style. À tous les postes. Même celui de gardien. Yann Sommer gardera le but des Italiens, Gianluigi Donnarumma celui des Français. Déclarer qui est le meilleur? Difficile de trancher, coupe tout de suite Thierry Barnerat, expert FIFA des gardiens de but et conseiller personnel de Thibault Courtois, dernier rempart du Real Madrid. «Ce n’est pas évident, parce que chaque situation de match est différente», explique-t-il.

«On peut essayer de dégager des tendances», lance tout de même le Genevois. En commençant par observer leur jeu aux pieds, un aspect qui «fait aujourd'hui une vraie différence». «Yann est ambidextre. Il joue vraiment avec les deux pieds, selon la situation. Ce n’est pas juste qu’il est capable de le faire, il le fait naturellement. À l’inverse, droitier, Donnarumma va utiliser son pied gauche uniquement s’il n’a pas le choix. Dans le football moderne, cette faculté de jouer des deux pieds est un atout majeur.»

«Yann Sommer est unique»

Désormais détaché de son rôle primaire, le gardien fait pleinement partie du jeu. Il oriente son entraîneur vers l'une ou l'autre stratégie. «Regardez comment Luis Enrique a géré les matches du PSG contre Arsenal. Il n’a pas voulu que l’équipe relance depuis la zone 1 avec Donnarumma. Il ne voulait pas le mettre sous pression. Je pense que c’était pour le préserver mentalement. Il est très bon techniquement, mais il veut souvent trop bien faire, respecter à la lettre les consignes, et ça le met parfois en difficulté», estime Thierry Barnerat, avant de retourner à la comparaison entre le dorénavant ex-international suisse et le portier de la Squadra Azzurra.

«Là, la morphologie entre en jeu, avance-t-il au moment d'évoquer le jeu aérien. Yann n’est pas très grand (ndlr: 1,83m), donc il doit être constamment dans l’excellence pour compenser. Il peut avoir la même vitesse de déplacement, la même impulsion, mais il lui manque 20 centimètres d’envergure. Il y a certains ballons qu’il ne pourra jamais toucher. C’est là que la taille fait une vraie différence. De son côté, Donnarumma fait 1,96 m.» Sa taille. C'est justement ce qui rend le Bâlois unique au très haut niveau. «Il fait partie du top cinq mondial. On ne reverra probablement pas de gardien comme lui», lance Thierry Barnerat, admiratif. «C’est ce qui rend le parcours de Yann encore plus admirable.»

Le Suisse a un déficit de taille sur l'Italien

Le portier suisse égale son homologue italien concernant son habilité à repousser les frappes adverses. «Les deux gardiens sont très solides. La différence peut à nouveau venir de la taille. Mais sinon, ils sont tous deux très performants pour repousser ou détourner les tirs de 15 à 25 mètres dans des zones sûres. Sur les frappes plus proches, entre 7 et 12 mètres, ils sont excellents tous les deux. Ils ont une posture basse, les mains proches du sol et une vitesse de déclenchement impressionnante. Il y a des arrêts incroyables des deux côtés.»

Yann Sommer et Gianluigi Donnarumma partagent toutefois un point plus faible: leur niveau en un contre un. «Aucun des deux n’est exceptionnel, comme peut l’être un Thibault Courtois, par exemple, dans le geste de la croix (ndlr: technique visant à prendre le plus de place possible devant l'attaquant adverse), juge Thierry Barnerat. Donnarumma n’est pas très à l’aise avec cette technique, qui n’était pas vraiment enseignée à Milan quand il a débuté à 16 ans. Et Sommer l’a apprise tard dans sa carrière. Ce n’est pas un geste naturel pour lui non plus. Ils déclenchent souvent la croix trop tard, et ça manque parfois de justesse.»

Leur rôle ayant été des plus importants dans le parcours de leur équipe respective, nul doute que l'un ou l'autre devrait faire parler de lui ce samedi lors de la finale. «Pour gagner la Ligue des champions, il faut un gardien décisif au bon moment», suggère encore le Genevois, qui espère que le Bâlois remportera le trophée aux grandes oreilles. Qui sera sans doute l'un des héros de la finale munichoise? Éléments de réponse dès samedi 21h.

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