Face aux chaleurs extrêmes
Des vertiges à la mort, l'ONU appelle à protéger les travailleurs

L'ONU alerte sur l'impact croissant du stress thermique sur la santé et la productivité des travailleurs. Plusieurs milliards de travailleurs sont exposés à une chaleur extrême dans le monde, causant des milliers de décès annuels.
Publié: 11:52 heures
Partager
Écouter
Chaque année, près de 19'000 décès en lien avec les chaleurs extrêmes sont enregistrés.
Photo: AFP
I0K_6tIf_400x400.png
AFP

La hausse des températures mondiales a un impact de plus en plus néfaste sur la santé et la productivité des travailleurs, avertit vendredi l'ONU, qui appelle à des actions rapides pour limiter les risques.

«Des mesures immédiates sont nécessaires pour lutter contre l'aggravation de l'impact du stress thermique sur les travailleurs dans le monde entier», affirment l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM), deux agences onusiennes qui publient vendredi un rapport commun sur cette question.

2,4 milliards de travailleurs exposés

Le stress thermique, provoqué notamment par une exposition prolongée à la chaleur, survient lorsque l'organisme ne parvient plus à refroidir le corps, entraînant des symptômes allant des vertiges et des maux de tête jusqu'à la défaillance d'un organe et la mort.

Leurs recommandations s'appuient sur des données de l'Organisation internationale du travail (OIT), selon lesquelles plus de 2,4 milliards de travailleurs sont exposés à une chaleur extrême dans le monde, soit 71 % de la population active mondiale.

Près de 19'000 décès par année

En conséquence, plus de 22,85 millions d'accidents du travail et près de 19'000 décès sont recensés chaque année. La fréquence et l'intensité des épisodes de chaleur extrême a fortement augmenté, accroissant les risques pour les personnes en extérieur comme à l'intérieur, rapportent l'OMS et l'OMM.

«
Le stress thermique au travail est devenu un défi sociétal mondial qui ne se limite plus aux pays situés près de l'équateur
Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l'OMM
»

Coups de chaleur, déshydratation, dysfonctionnements rénaux ou troubles neurologiques... effets de la chaleur sur la santé sont variés et les ouvriers des secteurs agricoles, de la construction ou de la pêche sont particulièrement exposés, précisent-elles.

Une nécessité économique

«Le stress thermique au travail est devenu un défi sociétal mondial qui ne se limite plus aux pays situés près de l'équateur», indique Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l'OMM.

Protéger ces travailleurs «n'est pas seulement un impératif sanitaire, mais aussi une nécessité économique», ajoute-t-elle. D'après ces agences de l'ONU, la productivité des travailleurs diminue de 2 à 3% pour chaque degré supplémentaire au-dessus de 20°C. Elles appellent à la mise en place de plans d'actions adaptés à chaque secteur et région.

Il faut trouver des stratégies efficaces

«Sans une action audacieuse et coordonnée, le stress thermique deviendra l'un des risques professionnels les plus dévastateurs de notre époque, entraînant des pertes importantes en termes de vies humaines et de productivité», pour Joaquim Pintado Nunes, chef du service de la sécurité et de la santé au travail de l'OIT.

«Investir dans des stratégies efficaces de prévention et de protection permettrait à la planète d'économiser plusieurs milliards de dollars chaque année», poursuit-il en conférence de presse.

Cibler les travailleurs âgés

Le rapport préconise de cibler en priorité les travailleurs âgés, ainsi que ceux qui souffrent de maladies chroniques ou qui ont une condition physique moins bonne, les plus sensibles au stress thermique. Travailleurs, syndicats, experts de la santé et autorités locales doivent oeuvrer ensemble pour élaborer des mesures, est-il recommandé.

«
Nous devons faire face à l'avenir à des chaleurs extrêmes. C'est une réalité pour beaucoup: il s'agit de s'adapter ou de mourir
Johan Stander, directeur des services à l'OMS
»

Le dernier rapport technique et les dernières recommandations de l'OMS sur le stress thermique au travail remontait à 1969, «une époque où le monde était très différent en termes de changement climatique», note Ruediger Krech, responsable de l'environnement et du changement climatique à l'OMS.

«Ce qui a changé, c'est la gravité» des épisodes de chaleur, ajoute-t-il, les dix dernières années ayant été les dix plus chaudes jamais enregistrées. «Nous devons faire face à l'avenir à des chaleurs extrêmes. C'est une réalité pour beaucoup: il s'agit de s'adapter ou de mourir», assure Johan Stander, directeur des services à l'OMS.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus