Jusqu’à 40 gardes forestiers ont été mobilisés pour couvrir une zone de près de 1000 hectares. Leur mission: chasser l’ourse JJ4, surnommée Gaia. Autant chercher une épingle dans une botte de foin. Pour finir, des traces fraîches dans la neige, quelques pièges photographiques déplacés et des panneaux indicateurs arrachés ont fini par indiquer la localisation de l’ourse, qui se déplaçait avec ses trois oursons. Lundi soir, vers 23h, Gaia est tombée dans le piège.
Il y a deux semaines, cette prédatrice avait attaqué et tué le joggeur Andrea P.* à Caldes, dans la région touristique du Val di Sole, en Italie. L’enquête a révélé que le jeune homme a tenté désespérément de repousser l’ourse avec un bâton, avant de céder.
Après ce drame, la chasseuse est devenue proie. Les gardes forestiers ont placé des fruits comme appât dans une sorte de tunnel. L’ourse et deux de ses trois petits se sont glissés à l’intérieur. Et le piège s’est refermé. Une fléchette a fusé pour endormir l’animal, tandis que ses petits s’échappaient sains et saufs. «Ils sont totalement autosuffisants. Ils se trouvent déjà dans la phase post-sevrage», a expliqué Raffaele De Col au média «Alto Adige». La mère a été décrite comme «extrêmement agressive» par le chef de la protection civile.
Gaia attend son sort
Deux vétérinaires se sont occupés de l’ourse sous sédation. Elle a été transportée vers un centre de soins pour animaux près de Trente. Gaia y séjourne désormais dans un enclos délimité par une clôture électrique. Le sort de l’ourse est désormais du ressort de la justice.
Et cela se présente mal pour Gaia. En 2020, elle avait déjà attaqué des humains. Un boucher du Tyrol du Sud de 59 ans et son fils se promenaient sur le Monte Peller lorsque l’ourse s’est jetée sur le jeune homme à la vitesse de l’éclair. Le père s’est interposé. Il s’en est sorti avec des morsures aux jambes, aux bras et aux mains. À force de hurlements, le père et le fils sont parvenus à faire fuir l’animal.
Abattage suspendu par décision de justice
À l’époque déjà, Gaia aurait dû être abattue. Mais le Conseil d’État a interdit sa chasse. Même après l’attaque mortelle du joggeur, l’abattage de l’ourse a été provisoirement suspendu par décision de justice.
La raison: des défenseurs des animaux avaient porté plainte contre le gouverneur du Trentin, Maurizio Fugatti, pour «incitation à commettre un délit» car il avait ordonné l’abattage de l’ourse. Il espère désormais que l’interdiction d’abattage sera levée par le Tribunal administratif du Trentin.
Le Tyrol du Sud compte trois autres ours dangereux figurant sur la liste des animaux à abattre. Les attaques ont déclenché un débat enflammé sur les ours dans le Tyrol du Sud. Les appels à une régulation de leur population de 100 à 50 spécimens se font de plus en plus pressants.
*Nom connu de la rédaction