La Pologne est devenue l'un des principaux alliés de l'Ukraine. L'infrastructure polonaise est indispensable pour la livraison d'armes, de munitions et d'autres biens de première nécessité aux adversaires de Vladimir Poutine. L'on apprenait de plus ce jeudi 13 avril que la Pologne allait livrer des avions de combat de type MiG-29 à l'Ukraine.
Le pays membre de l'OTAN est également à la tête des programmes de formation des soldats ukrainiens. Il ressort de documents américains classifiés qui ont récemment fuités sur internet qu'aucun autre pays n'a formé autant de membres de l'armée ukrainienne que la Pologne et la Roumanie.
En outre, la Pologne est devenue une «superpuissance humanitaire», pour reprendre les termes de l'ambassadeur étasunien à Varsovie, Mark Brzezinski. Le pays, qui avait refusé d'accueillir des réfugiés en 2015 et qui a encore pris des mesures sévères contre les migrants à la frontière biélorusse en 2021, a accueilli 1,5 million d'exilés en provenance d'Ukraine. La Pologne est donc devenue un pays clé de l'alliance de l'OTAN.
«La vieille Europe a échoué»
Il n'est pas étonnant que la Pologne s'engage autant pour l'Ukraine: elle fait partie des pays pour lesquels une défaite de la Russie n'aurait presque que des avantages. En effet, la défaite du Kremlin entraînerait très probablement l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne (UE). Le centre de gravité de l'UE se déplacerait ainsi plus à l'est. Ce serait une chance historique pour la Pologne de se défaire définitivement de son statut de pays périphérique et de faire contrepoids aux grands États membres de l'ouest de l'UE.
La Pologne en est tout à fait consciente. «La vieille Europe a cru à un accord avec la Russie, et la vieille Europe a échoué», a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki lors d'une conférence de presse commune avec la vice-présidente étasunienne Kamala Harris mercredi. «Mais il y a une nouvelle Europe – une Europe qui se souvient de ce qu'était le communisme russe, a lancé le dirigeant. Et la Pologne est le chef de file de cette nouvelle Europe.»
La Pologne a du mal à se faire une place en Europe
Mais c'est justement dans cette Europe, prétendument dirigée par Varsovie, que le pays est dans une position difficile. En février encore, la Commission européenne a décidé de poursuivre la Pologne en justice pour violation du droit européen. De plus, Varsovie veut que l'Allemagne lui verse plus de 1,3 billion d'euros en guise de réparation pour la Seconde Guerre mondiale. L'Allemagne s'est montrée peu enthousiaste face à cette demande.
Si la Pologne peut difficilement se targuer d'avoir beaucoup d'amis en Europe, il en va autrement de l'autre côté de l'Atlantique. En effet, aucun autre pays d'Europe n'a actuellement autant les faveurs de Washington que la Pologne. En l'espace d'un an, le président étasunien Joe Biden s'est rendu à deux reprises à Varsovie: quelques semaines après le début de la guerre en mars 2022 et à nouveau peu avant le premier anniversaire du début de la guerre en février. Il y a admis que «les États-Unis ont autant besoin de la Pologne que la Pologne a besoin des États-Unis».
Une Pologne renforcée serait un atout pour les États-Unis
Les États-Unis voient en effet d'un bon œil l'éventuelle montée en puissance des pays d'Europe de l'est. La Pologne est l'un des alliés les plus fervents des États-Unis sur le continent européen. Plus la Pologne deviendra puissante et importante en Europe, plus l'influence étasunienne sur le continent sera grande.
Varsovie milite d'ailleurs depuis des années pour que des troupes étasuniennes soient stationnées sur son territoire et nombre de ses récents contrats d'armement ont été attribués à des entreprises outre-atlantique. Au début de cette année, la Pologne a signé un contrat de 1,4 milliard de dollars pour l'achat d'une deuxième série de chars Abrams et a accepté de dépenser 4,6 milliards de dollars pour des chasseurs F-35.