Deux experts donnent leur avis
La rencontre entre Poutine et Zelensky aura-t-elle vraiment lieu?

Poutine et Zelensky parleront-ils tous deux de négociations jeudi en Turquie ou s'agit-il de paroles en l'air? Des chercheurs renommés expliquent pourquoi ils sont confiants et comment Trump devrait réagir en cas d'échec des discussions.
Publié: 12.05.2025 à 19:02 heures
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion des dirigeants du Quatuor de Normandie à l'Elysée, en décembre 2019.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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Guido Felder

Zelensky et Poutine vont-ils se serrer la main? Le président russe a proposé des discussions directes à partir de jeudi en Turquie. Le président ukrainien l'a pris au mot en déclarant: «J'attendrai Poutine jeudi en Turquie.»

A quel point ces deux-là sont-ils sérieux? Les observateurs veulent y croire, sans trop s’avancer: ils estiment qu’une rencontre cette semaine n’est pas à exclure.

La pression pour un accord vient des Etats-Unis et probablement aussi de la Chine. Le président américain Donald Trump avait fait pression sur Zelensky pour qu'il accepte les discussions proposées par Poutine. Vendredi, Poutine a rencontré le président chinois Xi Jinping à Moscou, qui aurait, selon les médias, influencé le chef du Kremlin.

«Ce serait une percée»

La question est de savoir s'il s'agit à nouveau de paroles en l'air ou si Poutine et Zelensky sont sérieux dans leurs annonces. Laurent Goetschel, directeur de la Fondation suisse pour la paix Swisspeace, estime que l'occasion qu’une rencontre «est tout à fait envisageable ». Il avance plusieurs arguments:

  • Zelensky affaiblirait sa position vis-à-vis des Etats-Unis s'il refusait d'y participer.

  • Par son annonce, Zelensky oblige Poutine à maintenir et à mettre en œuvre sa propre proposition de rencontre.

  • Selon Laurent Goetschel, il ne serait pas inhabituel que deux belligérants se rencontrent alors que les combats se poursuivent.

  • Poutine est actuellement mis sous pression d'une part par l'UE avec la menace de nouvelles sanctions, auxquelles les Etats-Unis se joindraient probablement également.

Dan Smith, directeur du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri), estime que les chances d'une rencontre sont de l'ordre du 50-50 et déclare à Blick: «Si la rencontre a effectivement lieu, ce serait une percée pour convenir d'un véritable cessez-le-feu d'au moins 30 jours et préparer d'autres discussions.» Selon lui, le plus grand obstacle à surmonter est la réticence des deux présidents à accorder de la crédibilité à l'autre.

On ne sait pas encore si Poutine ou un représentant du Kremlin se rendra également en Turquie. Jusqu'à présent, le Kremlin ne s'est pas exprimé sur les déclarations de Zelensky.

Comment réagit Trump?

Reste à savoir comment Trump réagira si les négociations échouent à nouveau. Il avait en effet annoncé pendant sa campagne électorale qu'il rétablirait la paix dès le premier jour de son mandat.

Laurent Goetschel avertit: «Si la rencontre échoue à cause de la mauvaise volonté de Zelensky, il se pourrait que Donald Trump perde patience et mette à exécution sa menace de limiter fortement les livraisons d'armes à l'Ukraine.» Si Poutine fait capoter la rencontre, Laurent Goetschel s'attend à des sanctions plus sévères des Etats-Unis contre la Russie. Laurent Goetschel et Dan Smith excluent tous deux une intervention militaire des Etats-Unis.

L'Europe augmente également la pression sur Moscou. Les chefs de gouvernement de Grande-Bretagne, de France, d'Allemagne et de Pologne ont exigé lors d'un sommet samedi à Kiev un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours. Lundi, le gouvernement allemand a doublé la mise et n'a de nouveau pas exclu la livraison de missiles de croisière Taurus à l'Ukraine. Et si le Kremlin ne cède pas? Des sanctions «massives» contre le secteur énergétique et bancaire devraient alors mettre le Kremlin à genoux.

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