Le bilan des incendies qui ont quasiment rasé une ville touristique d'Hawaï continue de s'alourdir atteignant désormais au moins 53 morts, selon les autorités. Celles-ci craignent que la catastrophe soit l'une des plus meurtrières de l'histoire de cet Etat américain.
Le comté de Maui a expliqué dans un communiqué avoir recensé «17 morts supplémentaires» à la mi-journée. «Cela porte le nombre de morts à 53 victimes.»
Ce bilan pourrait encore s'alourdir: il pourrait «largement excéder» les 60 victimes, a averti le gouverneur d'Hawaï, Josh Green, sur CNN. Les incendies s'imposeraient alors comme le pire désastre connu par l'archipel depuis qu'il est devenu le 50e Etat des Etats-Unis en 1959.
Une île détruite à 80%
Une conférence de presse est prévue plus tard jeudi pour faire un point sur les opérations de secours. Alimentés par des vents violents, nourris par la force de l'ouragan Dora qui passe actuellement dans l'océan Pacifique, les feux touchent principalement l'île de Maui et dans une moindre mesure celle de Hawaï.
La station balnéaire de Lahaina, sur la côte ouest de Maui, a été pratiquement réduite en cendres. Le gouverneur, qui s'est rendu sur place a décrit des scènes de «dévastation totale» dans cette ville historique, ex-capitale du royaume d'Hawaï au 19e siècle, à «80%» détruite. Les autorités recensent désormais «plus de 1700 immeubles» détruits ou endommagés par les flammes, a-t-il précisé.
«Cela ressemble à une zone de guerre là-bas», a raconté à l'AFP, Brandon Wilson, un touriste en train d'évacuer Maui. «C'est vraiment comme si quelqu'un était venu et avait bombardé la ville entière, tout est complètement dévasté, entièrement calciné.»
L'incendie qui a surpris la ville est désormais maîtrisé à 80%, selon les autorités, et deux autres feux sont toujours en cours sur l'île de Maui. A Lahaina, le feu s'est propagé tellement rapidement qu'une centaine d'habitants s'est jeté à la mer pour échapper aux flammes, selon les garde-côtes.
Les touristes sommés de quitter l'île
Sur place, les locaux comptent les corps sans vie et s'impatientent. «Nous essayons de sauver des vies et j'ai l'impression que nous ne recevons pas l'aide dont nous avons besoin», a pesté Kekoa Lansford, un habitant de Lahaina. «Nous voyons encore des cadavres flottant dans l'eau et sur les digues», a-t-il ajouté.
Le président Joe Biden a signé une déclaration de catastrophe naturelle, ce qui va permettre de débloquer d'importantes aides fédérales pour financer les secours, hébergements d'urgence et efforts de reconstruction. Des milliers de personnes ont été évacuées des zones sinistrées vers des centres d'urgence ou l'aéroport principal de Maui. Les autorités demandent actuellement aux touristes de quitter l'île et organisent des bus pour les exfiltrer.
L'aéroport était bondé jeudi à la mi-journée, sans pour autant être chaotique, a constaté une journaliste de l'AFP. De nombreux touristes faisaient la queue pour embarquer, pendant que des volontaires distribuaient de l'eau, des sodas et des sandwichs. De quoi soulager un peu Lorraina Peterson, qui vient de passer trois jours coincés dans sa chambre d'hôtel en guise de lune de miel.
Sans électricité et couverture internet, «nous étions complètement désemparés», a-t-elle raconté à l'AFP. «Même à l'hôtel, ils ne savaient pas ce qui se passait», a-t-elle ajouté, en se disant «triste pour les gens qui ont perdu leurs maisons».
La sécheresse mise en cause
Selon le site PowerOutage, environ 11'000 foyers et commerces restaient sans électricité jeudi dans l'archipel.
Si les incendies ne sont pas inhabituels à Hawaï, ceux-ci «brûlent toutefois sur une zone plus vaste que d'ordinaire, et le comportement des feux est extrême, avec une propagation rapide et des flammes élevées», a affirmé le Dr Thomas Smith, professeur associé en géographie environnementale à la London School of Economics and Political Science.
Il a évoqué des conditions propices à l'embrasement cette année: une végétation «particulièrement desséchée» à Maui, des précipitations en dessous de la moyenne ce printemps et des températures plus élevées que d'habitude. Sans compter l'impact de l'ouragan, pourtant situé à des centaines de kilomètres au sud-ouest, et d'une dépression à l'ouest, près du Japon, qui contribuent à alimenter les vents, a-t-il indiqué. «C'est inhabituel pour cette époque de l'année» et c'est à l'origine «des feux très rapides», a-t-il conclu.
Pour un porte-parole de la Maison Blanche, «ces feux et toutes les violentes tempêtes que nous continuons à voir sont sans aucun doute causés par ce qui se passe au niveau des températures, en hausse à travers le monde». «Et nous devons prendre cela au sérieux», a affirmé John Kirby sur CNN.
(ATS)