Des fans l'attendaient
Comment l'accueil chaleureux de Li Qiang a été orchestré par l'ambassade chinoise

Le Premier ministre chinois Li Qiang a été accueilli avec enthousiasme en Suisse par la présidente de la Confédération Viola Ahmerd. Un événement orchestré comme une pièce de théâtre, presque trop parfaite pour être vraie.
Publié: 21.01.2024 à 19:57 heures
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La présidente de la Confédération Viola Amherd et le Premier ministre chinois Li Qiang sont reçus avec les honneurs à Kehrsatz (BE).
Photo: keystone-sda.ch
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Andreas Schmid

Des hordes de compatriotes agitant des petits drapeaux ont accueilli le Premier ministre chinois Li Qiang lors de sa visite en Suisse il y a une semaine à Wallisellen (ZH). Dès son atterrissage à Kloten (ZH), la présidente de la Confédération Viola Amherd était déjà là, prête à lui ouvrir les bras.

Un important dispositif de la police cantonale zurichoise a été mis en place de sorte qu'aucun passant ne s'approche de l'invité de marque. La délégation d'accueil chinoise, composée pour la plupart de jeunes gens, était autorisée à se déplacer librement dans la gare excentrée, largement bouclée.

Des acclamations organisées?

Tout le monde était là au bon moment, au bon endroit. Comme par magie. Un timing plutôt surprenant lorsque l'on sait que seules les forces de sécurité et des membres des délégations et quelques initiés savaient quand et où Viola Amherd et Li Qiang monteraient dans le train pour Berne.

Mais le camp de Li Qiang avait préparé l'accueil avec minutie. Plusieurs dizaines de Chinois enthousiastes étaient équipés de petits drapeaux suisses et chinois à l'arrivée du Premier ministre. Un immense drapeau chinois avait même été accroché à un mur.

Si leur accueil demeure tout à fait bienveillant, sous quel prétexte les fans de Li Qiang ont-ils été autorisés à s'approcher de la voie ferrée – et surtout, comment sont-ils arrivés dans cette zone normalement interdite au public?

Le porte-parole de la police cantonale de Zurich, responsable de la sécurité de l'invité ce jour-là, donne une explication à ce grand rassemblement dans un secteur où, en temps normal, personne n'aurait dû se trouver: «Les personnes à l'intérieur de la zone bouclée qui ne faisaient pas partie du dispositif de sécurité étaient des membres de la délégation chinoise ou des invités du consulat général de Chine», explique Alexander Renner.

L'ambassade de Chine fait profil bas

L'ambassade de Chine à Berne n'a pas donné plus d'explications concernant le nombre d'invités à Wallisellen et la manière dont ils ont été recrutés. Un connaisseur suisse de la Chine affirme qu'il s'agissait le plus souvent d'étudiants et, dans certains cas, de spécialistes chinois travaillant en Suisse. Des organisations chinoises et des associations d'étudiants actives en Suisse les auraient probablement envoyés à l'ambassade.

La situation paradoxale selon laquelle la partie suisse, pour des raisons de sécurité, ne révèle rien de l'itinéraire d'un hôte de marque alors que l'ambassade de Chine y présente des compatriotes en liesse, avait déjà semé la confusion lors de la visite d'Etat du président Xi Jinping en 2017. A l'époque, la Place fédérale à Berne avait été fermée, mais un groupe de Chinois avait pu s'y rassembler et brandir des drapeaux, signalés comme invités de la délégation officielle.

A Berne aussi, les fans font le guet

Lundi à Berne, de nombreux compatriotes chinois ont également fait le guet au bord de la route lorsque le Premier ministre Li Qiang a été ramené en voiture de sa résidence du Lohn, bien que l'itinéraire et l'horaire du cortège n'aient pas été communiqués.

Les porte-parole de la présidente de la Confédération Viola Amherd et du ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis précisent que l'Office fédéral de la police et les polices cantonales de Zurich et de Berne avaient mis en place des dispositifs de sécurité à Wallisellen et à Berne.

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