«Des crimes graves commis par l'Etat»
Le pape fustige les abus contre les migrants «vulnérables»

Le pape Léon XIV a fustigé jeudi les abus envers les migrants vulnérables, les qualifiant de «crimes graves commis ou tolérés par l'Etat». Le souverain pontife a rappelé le devoir moral d'offrir refuge, tout en admettant le droit des Etats à protéger leurs frontières.
Publié: 23.10.2025 à 21:33 heures
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Le pape a pris la défense des migrants jeudi lors d'un discours.
Photo: MAURIZIO BRAMBATTI
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ATS Agence télégraphique suisse

Les «abus dont sont victimes les migrants vulnérables» au nom de la sécurité sont «des crimes graves commis ou tolérés par l'Etat». C'est ce qu'a dénoncé jeudi le pape Léon XIV.

«Les Etats ont le droit et le devoir de protéger leurs frontières, mais cela doit être contrebalancé par l'obligation morale d'offrir un refuge», a souligné le pape lors d'une rencontre avec des organisations de la société civile. Il a salué leur engagement à rechercher «des solutions dans une société régie par des systèmes injustes».

«L'abus dont sont victimes les migrants vulnérables n'est pas l'exercice légitime de la souveraineté nationale, mais plutôt des crimes graves commis ou tolérés par l'Etat», a ajouté Léon XIV dans un discours à la forte tonalité sociale. Le souverain pontife a également fustigé les «mesures de plus en plus inhumaines, voire politiquement célébrées (...) prises pour traiter ces 'indésirables' comme s'ils étaient des déchets et non des êtres humains».

L'Italie visée

«Secourir les naufragés» ne relève pas de «l'idéologie» mais consiste à «vivre l'Evangile, a-t-il assuré. En septembre, Robert Francis Prevost avait déjà opposé à la «mondialisation de l'impuissance» une «culture de la réconciliation et de l'engagement», dans un message vidéo adressé aux personnes oeuvrant à l'accueil des migrants sur l'île italienne de Lampedusa (sud).

Le gouvernement ultraconservateur italien, qui a fait de l'immigration clandestine l'un de ses chevaux de bataille, critique régulièrement les ONG oeuvrant au sauvetage des migrants. Avec ces nouvelles déclarations, au lendemain d'un nouveau naufrage lors duquel 40 migrants ont perdu la vie au large de la Tunisie, Léon XIV s'inscrit une nouvelle fois dans les pas de son prédécesseur François, décédé en avril, qui avait fait de l'accueil des migrants un pilier de son pontificat.

Crise des opiacés évoquée

Jeudi, le chef des 1,4 milliard de catholiques a également évoqué la crise des opiacés aux Etats-Unis. Il a ainsi critiqué l'industrie pharmaceutique pour sa promotion d'analgésiques susceptibles d'entraîner une dépendance.

«La prolifération de nouvelles drogues synthétiques, de plus en plus mortelles, n'est pas seulement un crime des trafiquants de drogue, mais une réalité liée à la production de médicaments et à ses profits, dépourvus de toute éthique globale», a relevé le pape. Léon XIV a aussi mis en garde contre les risques liés à l'extraction de minéraux stratégiques utilisés dans les appareils électroniques tels que les téléphones portables,

Il a affirmé à ce titre que leur exploitation «dépend de la violence paramilitaire, du travail des enfants et du déplacement des populations».

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