Israël fait scandale à l'ouverture du Salon du Bourget ce 16 juin, l'un des plus grands événements internationaux sur les technologies aéronautiques et spatiales qui se tient chaque deux ans à Paris. Traditionnellement, des entreprises israéliennes de pointe y participent pour présenter leurs technologies de l'armement.
Sauf que dans le contexte actuel, marqué par la salve de frappes israéliennes lancées contre Gaza et désormais l'Iran, la présence de l'Etat hébreu passe mal. Un profond malaise qui a résonné jusqu'au sommet de l'Etat français.
Sur ordre du gouvernement français, les organisateurs ont fermé plusieurs stands d'exposants israéliens spécialisés dans la fabrication de drones, bombes et missiles, a indiqué la presse française. Les stands concernés ont été recouverts de bâches noires pour empêcher toute visibilité. Le ministère israélien de la Défense, ainsi que quatre autres exposants sont toutefois restés ouverts, précise l'AFP.
Israël dénonce un «ghetto israélien»
Cette décision serait due à une violation d'un accord passé entre les autorités français et israéliennes. Une source proche du dossier a expliqué au «Figaro» que les industriels israéliens s'étaient engagés à ne pas présenter «des armes offensives» qui risquent «d'être utilisées à Gaza».
Cette décision a hérissé les poils du gouvernement israélien. «Nous avons été choqués de constater ce matin que les pavillons israéliens étaient bouclés et verrouillés, empêchant tout accès pendant le salon. Des entreprises israéliennes ont signé des contrats avec les organisateurs, ils ont payé (...) C'est comme créer un ghetto israélien (...) Je trouve cela scandaleux et cela doit être corrigé immédiatement», a déclaré le président israélien Isaac Herzog sur les ondes de LCI. Le ministre de la Défense Israël Katz fustige dans un communiqué une décision «scandaleuse et sans précédent», dictées par des considérations «politiques».
Selon les journalistes de l'AFP, une exposante israélienne a écrit sur l'une des bâches que ces armes «protègent en ce moment l'Etat d'Israël», assurant que «le gouvernement français, au nom de la discrimination, essaie de vous les cacher».
De son côté, le Premier ministre François Bayrou justifie la fermeture des stands par une situation à Gaza «moralement inacceptable», qui impose une «réprobation» et «mise à distance». «La France considère qu'il y a là une situation terrible pour les Gazaouis, une situation humainement et du point de vue humanitaire, du point de vue sécuritaire, extrêmement lourde. La France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents dans ce salon.»
Un malaise profond
La présence d'Israël sur des événements ou salons liés à la défense et l'armement fait régulièrement l'objet de débats. Le pays s'était déjà fait exclure de l'Eurosatory en octobre 2024, un autre grand salon mondial organisé en France.
Et cela n'a pas fait exception au Salon du Bourget. En ce premier jour d'ouverture, «Le Monde» a fait sensation en publiant une tribune virulente du magistrat Ghislain Poissonnier: «Les salariés de l’aéronautique française et tous les passionnés d’aviation pourront-ils passer sans avoir la nausée devant les stands israéliens où suinte le sang des familles palestiniennes?»
L'Association des Juristes pour le Respect du Droit International (JURDI) avait saisi la justice – en vain – pour demander d'interdire la présence israélienne à l'événement, qu'elles accusent de commettre des «crimes de guerre».