Plusieurs associations ont assigné en justice le salon aérospatial du Bourget (Seine-Saint-Denis), l'accusant d'être une «vitrine» de «crimes de guerre» et l'audience doit se tenir le 4 juin devant le tribunal judiciaire de Bobigny, ont-elles annoncé à l'AFP. «Nous espérons que la justice puisse obliger les organisateurs du salon à prendre des mesures pour empêcher l'accueil d'acteurs impliqués dans des crimes de guerre», a expliqué mercredi à l'AFP Camille Lesaffre, chargée de campagne pour l'association Survie, appelant à ne pas «leur offrir une vitrine».
Le Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget (SIAE), qui se tiendra du 16 au 22 juin 2025, est un rendez-vous majeur de présentation des innovations technologiques du secteur aérospatial civil et militaire et un lieu de conclusion de contrats à plusieurs milliards de dollars. «Les salons d'armements que les gens visitent peuvent participer aux plus graves crimes internationaux», même «de façon indirecte», cingle l'une des juristes de Droit et mouvements, partie prenante du dossier, mais qui souhaite conserver son anonymat.
Entreprises d'armement israéliennes présentes au salon
A l'audience, deux assignations seront examinées, portées par des associations comme Attac-France, Al-Haq, l'Union juive française pour la paix (UJFP), Stop Fuelling War (SFW) et Survie, avec le soutien des collectifs «Stop Bourget» et «Guerre à la guerre». La première vise à «empêcher les entreprises israéliennes de vendre» des armes et «d'acquérir du matériel» susceptible d'être utilisé dans le «génocide à Gaza», a détaillé auprès de l'AFP Joël Bedda, juriste pour l'association de défense des droits humains Al-Haq, basée en Cisjordanie.
Selon un communiqué conjoint des associations, que l'AFP a pu consulter, «huit entreprises d'armement israéliennes» seront présentes sur le salon ainsi que le «SIBAT», une direction du ministère israélien de la Défense. «Sans le soutien international, Israël ne pourrait pas mener une guerre d'une telle ampleur», fustige Joël Bedda. Dans la seconde assignation, Attac France, Survie et Stop Fuelling War «reprochent au SIAE la promotion et la participation au salon d'entreprises qui alimenteraient indirectement les conflits en Ukraine et au Soudan», selon le communiqué.
Dans une tribune publiée le 22 avril, plus de 145 associations, suivies par des élus de gauche du département de Seine-Saint-Denis, ont également demandé «l'interdiction de toute participation israélienne» à la 55e édition du salon, qui doit accueillir 2500 exposants venus de 48 pays. Sollicité par l'AFP, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, organisateur du salon, n'a pas souhaité communiquer.