Colère en Serbie
Des milliers de manifestants à Belgrade pour demander des élections

Des milliers de Serbes ont manifesté à Belgrade lundi soir, marquant les 10 mois de l'accident mortel de Novi Sad. Les manifestants réclament justice, une enquête transparente et des élections anticipées, dans un mouvement de contestation historique.
Publié: 04:39 heures
Partager
Écouter
Depuis novembre 2024, la Serbie est secouée par un mouvement de contestation parmi les plus importants de son histoire.
Photo: Darko Vojinovic
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Des milliers de Serbes ont défilé lundi soir dans les rues de Belgrade pour marquer les 10 mois de l'accident mortel de Novi Sad et demander des élections. Il s'agit du premier grand rassemblement dans la capitale après les violences qui ont émaillé des manifestations en août.

Depuis la chute le 1e novembre 2024 de l'auvent en béton de la gare de Novi Sad, qui a fait 16 morts dont des enfants, la Serbie est secoué par un mouvement de contestation parmi les plus importants de son histoire. Selon un décompte de la police, plus de 23'000 rassemblement ou blocages ont été organisés en 10 mois – des petites manifestations aux manifestations massives à Belgrade qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes.

Les manifestants, emmenés par les étudiants qui ont pris la tête du mouvement, réclament justice et une enquête transparente sur l'effondrement de la gare. Celle-ci venait d'être rénovée par un consortium d'entreprise chinoise, hongroise et française.

Le président Vucic intransigeant

Pour l'heure, deux enquêtes ont été ouvertes, l'une sur les circonstances de l'accident et une autre sur le volet corruption du dossier. Dans le cadre de la seconde, le parquet pour le crime organisé de Belgrade a arrêté début août plusieurs personnes, dont un ancien ministre, soupçonnées d'avoir facilité un «gain illégal» de plus de 18 millions d'euros en faveur de deux entreprises chinoises en charge de la rénovation de la gare.

Depuis mai, les manifestants réclament aussi des élections anticipées, ce que le président Aleksandar Vucic (droite nationaliste), réélu en 2022 pour un mandat de cinq ans, refuse, dénonçant régulièrement un complot étranger visant à le renverser. «Dix mois, c'est long. Et pourtant rien n'a changé», explique à l'AFP Lazare, 18 ans, lycéen à Belgrade, «alors j'attends ce que j'attends depuis 10 mois, que la situation change, que la justice soit faite».

Incidents violents raportés

En grande majorité pacifiques, les manifestations ont été émaillées d'incidents violents plusieurs soirs de suite en août, lorsque des groupes de partisans du pouvoir, souvent masqués, s'en sont pris à des manifestants. Les deux camps se rejettent depuis la responsabilité des incidents.

Manifester «est la seule façon démocratique, civilisée, de se battre pour nos droits, et j'espère sincèrement que cela va marcher», explique dans le cortège Anja Misic, 46 ans. Les violences «auraient dû éveiller la défiance chez les gens – une défiance positive – qui leur ferait dire: 'Je ne laisserai pas faire. Si nous sommes nombreux, nous sommes plus fort que n'importe quel individu. Le peuple, c'est le pouvoir'».

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus