Climat explosif
Un religieux influent lance une cagnotte pour assassiner Trump et Netanyahu

Un religieux iranien a lancé une cagnotte pour assassiner Trump et Netanyahu, appelant la population à se mobiliser. Bien qu’il n’occupe aucun poste officiel, ses propos illustrent une radicalisation inquiétante d’une frange du clergé.
Publié: 14:33 heures
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Dernière mise à jour: 14:41 heures
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Donald Trump et Benjamin Netanyahu sont dans la ligne de mire d'Abdolmajid Kharaghaani. Celui-ci a ouvert une cagnotte pour les tuer.
Photo: AFP via Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Abdolmajid Kharaghaani, un religieux iranien influent sur les réseaux sociaux, a décidé de riposter aux attaques américaines et israéliennes contre l’Iran. Pour ce faire, il a ouvert une cagnotte destinée à financer l’assassinat de Donald Trump et de Benjamin Netanyahu. «Ils font ça pour 10 à 20 millions de dollars dans les pays européens», a-t-il déclaré dans une récente interview.

Abdolmajid Kharaghaani précise cependant qu’il ne s’agit pas de mener une opération individuelle. Selon lui, de telles actions doivent être «calculées» et coordonnées avec les services de sécurité iraniens, rapporte «The Telegraph», mardi 2 juillet. Il appelle aussi la population à se mobiliser: «Le public devrait s’impliquer et rendre la situation dangereuse, pour que des gens comme Trump et Netanyahu n’osent plus faire des déclarations trop audacieuses.»

Déjà une fatwa

Bien qu'Abdolmajid Kharaghaani ne détienne aucune fonction officielle au sein de la hiérarchie religieuse ou gouvernementale iranienne, ses propos reflètent les positions de certains courants radicaux du pays. Son appel intervient dans un climat de tensions croissantes entre Téhéran et Washington.

Une semaine plus tôt, le grand ayatollah Naser Makarem Shirazi publiait une fatwa particulièrement virulente: «Toute personne ou tout régime qui menace la direction et l’autorité religieuse» de l’Iran est un mohareb – un «ennemi de Dieu» – et doit être exécuté. Il a également précisé que ceux qui coopèrent avec un mohareb méritent le même sort.

Cette prise de position faisait suite à une déclaration de Donald Trump, le 17 juin dernier. Le président américain affirmait savoir où se trouvait Ali Khamenei, le guide suprême, ajoutant toutefois qu’il ne comptait pas le viser… «du moins pour l’instant». Une formule ambiguë qui a relancé les appels à la vengeance en Iran.

La liste s'allonge

Dans la foulée, le Centre iranien pour les affaires des élites et des talents supérieurs des séminaires, un organisme de formation pour les religieux, a exprimé sa volonté de mettre en œuvre la fatwa. Alireza Panahian, un autre prédicateur influent proche du pouvoir, a déclaré que «chaque musulman, où qu’il soit, doit être prêt à sacrifier sa vie et tuer les ennemis du guide suprême».

La liste des personnalités visées ne cesse de s’allonger. Les médias d’Etat iraniens ont récemment appelé à l’exécution de Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le quotidien ultraconservateur «Keyhan» l’a qualifié d’«espion audacieux du Mossad» et a exigé qu’il soit jugé et exécuté à son arrivée en Iran, l’accusant d’avoir participé au «meurtre du peuple opprimé» du pays.

En Iran, nombre de figures religieuses occupent des postes de pouvoir clés, de l’appareil judiciaire au sommet de l’Etat. Mais Abdolmajid Kharaghaani, lui, agit en marge de ces structures officielles. Ses propos n’ont donc pas force de loi, mais ils témoignent d’un climat où la parole religieuse, même non institutionnelle, peut devenir un levier d’incitation à la violence. Une radicalité qui, si elle reste isolée, n’en est pas moins révélatrice des tensions extrêmes qui fracturent le pays et ses relations avec l’Occident.

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