Vladimir Poutine aurait-il revu ses objectifs à la baisse dans la guerre qui l'oppose à l'Ukraine depuis plus de trois ans? C’est du moins ce que suggèrent les derniers rapports des renseignements américains et européens. Le président russe viserait désormais des gains à court terme, tels que le renforcement de son emprise sur les territoires occupés et la relance d'une économie russe en berne, révèle CNN jeudi 1er mai.
Un virage stratégique qui contraste avec les évaluations précédentes des services, selon lesquelles le Kremlin estimait être en position de force et maintenait intacte som ambition de conquérir l’ensemble du territoire ukrainien. Cette nouvelle posture aurait convaincu Donald Trump que Moscou était plus prêt que jamais à accepter un accord de paix.
Mais attention à ne pas mettre la charrue avant les boeufs: les objectifs à long terme du patron du Kremlin n'auraient pas changé. Poutine pourrait en réalité chercher, dans un premier temps, à décrocher une trêve généreuse avec son pays tout en séduisant Washington... pour mieux relancer son offensive plus tard. «Il réfléchit à ce qu'est un objectif raisonnable à court terme», lâche un responsable du renseignement européen proche du dossier.
Une accalmie stratégique
Poutine se trouve actuellement dans une position délicate. L'administration Trump menace de durcir les sanctions et l'économie russe vacille. Moscou serait alors prêt à «jouer le jeu» des Etats-Unis en restreignant ses objectifs à court terme pour détendre l'atmosphère avec Washington, tout en gardant ses ambitions intactes, confie le haut responsable européen. «Poutine n'a clairement pas renoncé à ses objectifs de guerre maximalistes.»
Avec cette maniclette court-termiste, le Kremlin espèrerait, après une pause, revenir encore plus fort sur tous les plans: militaire, économique, politique et informationnel pour atteindre pleinement les objectifs fixés. Le responsable souligne d'ailleurs les références récurrentes de Poutine à l’histoire du peuple russe. A long terme, le président russe viserait bien plus que les territoires actuellement occupés: «Au moins la portion que Poutine considère comme le berceau de la civilisation russe.»
Un accord sous haute tension
Mais actuellement, pour un responsable américain proche du dossier, Poutine chercherait à «obtenir la reconnaissance d'autant de territoire que possible et d'avoir une Ukraine aussi faible que possible». Il ajoute qu'aujourd'hui rien n'indique que la Russie puisse mettre la main sur tout le territoire ukrainien. En effet, sur le terrain, les faits sont têtus: l'armée russe peine à faire bouger les lignes de front.
Ce contexte et la pression de Trump l'auraient donc forcé à revoir sa stratégie. Les négociations en cours portent sur cinq territoires ukrainiens sous contrôle russe, dont la Crimée annexée en 2014. Trump estime que l’Ukraine ne récupérera pas la majorité des terres perdues, et les Etats-Unis envisagent une trêve près des lignes actuelles, avec d’éventuels échanges territoriaux.
Cette perspective inquiète les alliés européens de l'Ukraine: elle impliquerait de légitimer des annexions considérées comme illégales. Une ligne rouge que Kiev refuse catégoriquement de franchir.