L’actrice franco-italienne Claudia Cardinale, monument du cinéma qui avait tourné avec les plus grands, est décédée mardi à l’âge de 87 ans en région parisienne. Elle s’est éteinte «auprès de ses enfants» à Nemours, près de Paris, où elle habitait, a annoncé dans la soirée à l’AFP son agent Laurent Savry, sans préciser les causes du décès.
Claudia Cardinale avait travaillé avec Luchino Visconti, Federico Fellini, Richard Brooks, Henri Verneuil ou encore Sergio Leone. «Elle nous laisse l’héritage d’une femme libre et inspirée tant dans son parcours de femme que d’artiste», a indiqué Laurent Savry dans un message transmis à l’AFP. La date et le lieu des obsèques n’ont pas encore été fixés, a-t-il ajouté.
«Son regard, sa voix et son aura habitent à jamais l’histoire du cinéma», a salué sur X Rachida Dati, la ministre française de la Culture sortante. «Française de cœur, muse des plus grands, elle incarna avec éclat la liberté, la force et l’élégance».
Née dans l'actuelle Tunisie
Le ministre italien de la Culture Alessandro Giuli a également rendu hommage à l’une «des plus grandes actrices italiennes de tous les temps». «Incarnation d’une grâce toute italienne et d’une beauté particulière, elle a participé au cours de sa longue carrière à plus de 150 films, dont certains sont considérés comme des chefs-d’œuvre du cinéma d’auteur», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Connue pour ses rôles dans «Le Guépard», «Il était une fois dans l’Ouest» ou encore «Huit et demi», Claudia Cardinale fut l’une des figures emblématiques du cinéma italien avec Gina Lollobrigida et Sophia Loren. Elle a tourné dans le meilleur du renouveau italien, brillé à Hollywood, en France, et même en Allemagne avec Werner Herzog et son maudit «Fitzcarraldo».
Née à La Goulette, près de Tunis, le 15 avril 1938, d’une mère française et d’un père sicilien, elle remporte par hasard à 17 ans un concours de beauté auquel elle ne s’était pas présentée. «La plus belle italienne de Tunis» voit sa vie basculer et se retrouve invitée à la Mostra de Venise, où le monde du cinéma se l’arrache.
Chefs d'oeuvre en cascade
Elle débute alors dans des films italiens, même si elle parle mal la langue et conserve un accent français – elle maîtrise aussi l’arabe et le sicilien. A 22 ans, elle tourne avec Luchino Visconti dans «Rocco et ses frères» (1960), qui lui offrira quelques années plus tard l’un de ses plus grands rôles dans «Le Guépard», aux côtés d’Alain Delon et Burt Lancaster.
La même année sort un autre chef-d’œuvre du cinéma italien, «Huit et demi» de Federico Fellini, où elle incarne la muse du réalisateur. Souvent comparée à Brigitte Bardot, «CC» la brune et «BB» la blonde se retrouvent à l’affiche des «Pétroleuses» (1971).
Claudia Cardinale mène aussi une carrière américaine remarquée, avec «La Panthère rose» de Blake Edwards (1963) et «Les Professionnels» aux côtés de Burt Lancaster. Inoubliable dans «Il était une fois dans l’Ouest» de Sergio Leone (1968), elle sera récompensée d’un Lion d’Or à Venise en 1993 et d’un Ours d’Or à Berlin en 2002.
«La fille à la valise est partie, l’Angelica du Guépard n’ouvrira plus le bal», a réagi Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, auprès de l’AFP. «Elle était belle, simple, sans histoire, mais quand la caméra tournait, elle s’illuminait d’un sourire et d’un regard affectueux que soulignait sa voix rauque. Les grands l’ont magnifiée, elle les a servis et nous, nous avons aimé tendrement cette tendre personne».