Trois jeunes hommes, dont deux mineurs, ont été inculpés jeudi pour leur rôle dans les violences anti-immigration en Irlande du Nord qui ont fait depuis lundi une quarantaine de blessés parmi les forces de l'ordre. A l'issue d'une troisième nuit de heurts, les trois jeunes âgés de 15, 17 et 18 ans ont brièvement comparu devant la justice. Ils ont été inculpés pour émeutes et le plus jeune est poursuivi en outre pour dégradations.
Une autre personne avait déjà été inculpée précédemment dans le cadre de ces violences qui secouent en particulier la ville de Ballymena. Elles ont éclaté à la suite de l'inculpation de deux adolescents pour la tentative de viol d'une jeune fille dans cette ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Belfast.
La police, qui a qualifié ces violences de «racistes», n'a pas communiqué sur l'origine des deux jeunes. Mais selon les médias britanniques, ils se sont exprimés par l'intermédiaire d'un interprète roumain lors de leur comparution lundi au tribunal. Un troisième suspect a été «identifié», a annoncé jeudi le chef de la police nord-irlandaise Jon Boutcher lors d'une conférence de presse. Il se trouve hors d'Irlande du Nord et la police oeuvre à son retour, a-t-il précisé.
Cocktails Molotov, feux d'artifice et autres projectiles
Les émeutes ont visé un quartier où vit une importante population immigrée, notamment d'Europe de l'est. Des habitations et des commerces notamment ont été incendiés. Mercredi soir, des individus s'en sont à nouveau pris aux forces de l'ordre, en jetant vers elles cocktails Molotov, feux d'artifice et autres projectiles, ainsi qu'une hachette, selon la police, qui a eu recours à un canon à eau pour disperser la foule.
Un centre de loisirs, où des familles déplacées par les émeutes à Ballymena avaient été logées temporairement, a été incendié à Larne, à une trentaine de kilomètres de là, sans qu'aucun blessé ne soit à déplorer. Un porte-parole du Premier ministre Keir Starmer a condamné cette nouvelle flambée de violences, dénonçant des scènes «scandaleuses». La veille, il avait condamné des violences «insensées».
Le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord Hilary Benn s'est dit «choqué» par les dégâts provoqués par ces émeutes, à l'issue d'une visite à Ballymena jeudi matin. Sur Clonavon road, où la plupart des émeutes ont eu lieu, peu de gens étaient disposés à parler. Dans les rues voisines, portes et fenêtres de plusieurs habitations portent les stigmates des violences. Et sur presque toutes les fenêtres, des drapeaux du Royaume-Uni, d'Angleterre ou d'Irlande du Nord.