L'Italie est accusée d'avoir ghosté la Suisse: pendant 28 mois, le Secrétariat d'Etat aux migrations est resté bloqué sur une procédure d'asile parce que les autorités italiennes n'ont pas coopéré. Plus précisément, l'Italie n'a pas répondu aux demandes de réadmission et laissé la Suisse dans le flou.
Au lieu de s'en tenir au délai de réponse de huit jours, les autorités italiennes n'ont tout simplement pas réagi pendant presque deux ans. Pour respecter les accords de Dublin, la Confédération a donc dû accueillir plusieurs centaines de réfugiés qui auraient en fait dû être renvoyés en Italie.
Que pense l'Italie de cette impasse? Blick a interrogé les autorités compétentes et à nouveau, pas de réponse. Jusqu'à la fermeture de notre rédaction, nos questions sont restées ignorées.
«Les Italiens sont de fins négociateurs»
Pour le conseiller aux Etats du Centre Fabio Regazzi, la situation est claire: «On ne peut pas forcer l'Italie à respecter les accords ou à coopérer», explique-t-il. La Suisse est parfois un peu naïve. Les Italiens sont de fins négociateurs, ils ont de bonnes manières mais ne tiennent pas toujours leurs promesses.»
Selon Fabio Regazzi, la Suisse pourrait faire pression sur l'Italie dans d'autres domaines politiques, par exemple l'accord sur les frontaliers. Mais Berne refuse de s'abaisser à de telles contre-mesures. «Cela ne servirait à rien et pourrait conduire à une escalade.» Fabio Regazzi conseille donc à la Suisse de garder la tête froide. «Nous devons essayer de négocier sérieusement, d'égal à égal. C'est en coulisses que cela fonctionne le mieux.»
«La Suisse doit assumer les cas»
La conseillère nationale des Vert-e-s Greta Gysin pense à la famille en question, qui attend de connaître son sort depuis plus de deux ans. «C'est très éprouvant quand aucune décision n'est prise pendant si longtemps.» Selon elle, la collaboration avec l'Italie sur la migration est connue pour être difficile. «Il faut continuer à faire pression sur l'Italie. Mais lorsque la coopération internationale est dans l'impasse, la Suisse doit assumer les cas.»
Greta Gysin espère que le pacte européen sur les migrations améliorera la situation pour les pays frontaliers comme l'Italie ou la Grèce. «L'Italie pourrait donc reprendre ses cas», espère Greta Gysin. Le pacte européen sur les migrations doit faire évoluer le droit actuel, notamment en mettant en place des délais plus courts, et la Suisse aura son mot à dire dans ces modifications.