Une mobilisation historique
Pour contrer la menace russe, le Danemark mise sur les femmes

Sous la menace russe, le Danemark muscle sa défense. Depuis le 1er juillet, les femmes sont intégrées au tirage au sort pour le service militaire. Une mesure historique dans un pays qui souhaite accélérer sa remilitarisation.
Publié: 02.07.2025 à 14:49 heures
|
Dernière mise à jour: 02.07.2025 à 14:50 heures
Partager
Écouter
Depuis le 1er juillet les femmes participent à un tirage au sort pour le service militaires obligatoire au Danemark.
Photo: keystone-sda.ch
SOLENE_FACE (1).png
Solène MonneyJournaliste Blick

Face à la menace russe, le Danemark se prépare. Depuis mardi 1er juillet, les Danoises âgées de 18 ans et plus sont désormais concernées par le tirage au sort pour le service militaire obligatoire. Une décision historique, motivée par un contexte géopolitique tendu et des besoins croissants en effectifs, rappelle le «New York Times».

«La défense a besoin de toute la puissance de combat que nous pouvons mobiliser», avait déclaré en mars dernier Michael W. Hyldgaard, chef de la défense danoise. «Cela nécessite de recruter dans toute la société.»

Si le Danemark ne partage pas de frontière avec la Russie, sa position stratégique en mer Baltique et dans l’Arctique alimente les inquiétudes. En effet, des cas de sabotage d'infrastructures ont été signalés dans ces régions. Et depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, le pays nordique a adopté un virage nettement plus offensif. Début 2024, le gouvernement a même annoncé une hausse massive de ses dépenses militaires.

Un tournant pour les Danoises

Jusqu’ici, les danoises pouvaient s’engager volontairement dans l’armée, mais n’étaient pas soumises au tirage au sort. Ce dernier permet de compléter les effectifs si le nombre de volontaires est insuffisant. Cette réforme a été avancée de 18 mois sous l’impulsion d’un parti libéral, qui invoque l’égalité entre hommes et femmes… y compris sous les drapeaux.

Mais pour de nombreux experts, cette décision est avant tout dictée par des impératifs militaires, moins par un souhait de parité réel au sein de la société. L’objectif est clair: passer de 4700 recrues en 2023 à 6500 par an d’ici à 2027. Et ce, alors que la durée du service obligatoire passera de quatre à onze mois dès février 2026. Un changement susceptible de faire reculer certains volontaires. Il y a donc de fortes chances que le tirage au sort soit utilisé plus souvent dans les années à venir. 

Armée à reconstruire

Le Danemark compte actuellement 16’600 militaires et personnels d’urgence, dans un pays de six millions d’habitants. Les femmes représentent à peine 10% des effectifs dans l’armée de terre, la marine et l’armée de l’air.

Mais ce renforcement de la défense n’est pas motivé par une peur d’invasion imminente. «Je ne pense pas que les politiciens danois craignent de voir des chars russes à Copenhague demain, tempère Mikkel Runge Olesen, chercheur à l’Institut danois d’études internationales. Mais il y a une inquiétude croissante quant à une extension du conflit en Ukraine», précise Anders Puck Nielsen, analyste militaire. «Nous avons donc besoin de ces effectifs le plus tôt possible.»

La fin de l'insouciance

Longtemps, le Danemark a compté sur la protection des Etats-Unis pour sa sécurité. Une dépendance qui a affaibli sa préparation militaire. «Le pays doit pratiquement reconstruire ses forces armées depuis zéro», affirme Peter Viggo Jakobsen, professeur au Collège royal de défense.

Les pressions répétées de Donald Trump pour que les alliés de l’OTAN augmentent leur budget militaire, et son intérêt pour le Groenland, territoire danois, pourraient aussi avoir précipité ce changement de cap. Et dans une Europe sous tension, même les pays sans frontière avec la Russie n'ont plus le luxe de l'attentisme.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la