Un tribunal argentin a ordonné mardi l'ex-présidente Cristina Kirchner et huit autres condamnés pour fraude de payer solidairement environ 535 millions de dollars de dommages intérêts à l'Etat, dans l'affaire qui lui vaut d'être détenue à domicile.
L'ex-cheffe de l'Etat péroniste (centre-gauche) a vu en juin la Cour suprême confirmer sa condamnation de 2022 à six ans de prison et à l'inéligibilité à vie pour administration frauduleuse - sur des marchés publics - dans son fief provincial de Santa Cruz (sud) pendant ses mandats présidentiels (2007-2015).
Assignée à résidence
Elle est depuis un mois assignée à résidence dans son appartement de Buenos Aires, la justice lui ayant accordé de purger sa peine de prison à domicile, comme son âge (72 ans) le lui autorise. La résolution de mardi, publiée dans la presse, intime aux condamnés de payer solidairement entre eux, «en réparation des dommages causés au Trésor public», près de 685 milliards de pesos (environ 535 millions de dollars), avant le 13 août. Elle ne fait pas mention de contribution respective des condamnés.
Le tribunal avertit que, faute de règlement dans les délais il procédera à l'exécution des biens, saisie d'argent et vente aux enchères de biens et propriétés des condamnés. Parmi eux figurent des entrepreneurs du BTP, des fonctionnaires ex-responsables régionaux de l'organisme des chantiers routiers, Vialidad.
Lors de sa dernière déclaration au Bureau anti-corruption en 2023, Cristina Kirchner avait consigné un patrimoine de près de 250 millions de pesos (environ 195'000 dollars d'aujourd'hui).
Pas besoin de corruption
Selon la presse, elle disposait aussi de plusieurs biens immobiliers, qu'elle a cédés il y a quelques années à ses deux enfants. Cristina Kirchner avait d'ailleurs elle-même plaidé, pour sa défense au procès, qu'elle n'avait nul besoin de corruption car son mari, l'ex-président Nestor Kirchner, et elle, disposaient à l'époque de plusieurs propriétés.
Son avocat n'a pas répondu dans un premier temps mardi aux sollicitations de l'AFP sur les possibilités de recours, ou les modalités de règlement. Cristina Kirchner, tout au long de la procédure, avait dénoncé une persécution politico-judiciaire à son encontre pour la bannir de la vie politique.
Vice-présidente jusqu'en 2023 et à ce jour encore figure dominante de la gauche argentine, elle a été mise en cause ces dernières années dans une dizaine de dossiers, entre pots-de-vin, blanchiment ou entrave à la justice. Elle a bénéficié de plusieurs non-lieux, mais quatre procédures restent pendantes.