La discrétion semble être la marque de fabrique du cardinal américain Robert Prevost, désormais élu pape sous le nom de Léon XIV. Avant son élection, il s’était peu exprimé publiquement sur les grandes problématiques de l’Eglise. Mais d'après un article du journal français «L'Indépendant» publié ce 8 mai 2025, certaines de ses convictions sont déjà connues.
D’après le site officiel du Collège des cardinaux, Léon XIV partage étroitement la vision du pape François sur certains points: volonté de préserver l'environnement, solidarité envers les plus démunis et les requérants d'asile et les migrants, etc. Mais un tel soutien sera-t-il apporté à tous ceux qui en auront besoin?
Le cardinal Robert Prevost s'est par exemple montré très réservé en ce qui concerne la communauté LGBTQIA+. Bien qu’il ait exprimé des doutes quant à une «sympathie pour des croyances et des pratiques contraires à l’Evangile», il ne s’est jamais prononcé de manière tranchée sur Fiducia supplicans, le document du Vatican qui autorise la bénédiction de couples non-hétérosexuels.
En matière d'égalité hommes-femmes, Robert Prevost avait estimé, lors du Synode d’octobre 2023, que «cléricaliser les femmes» — leur confier des rôles clés au sein de l’Eglise — ne permettrait pas de résoudre les problèmes actuels de l’institution, et pourrait même en engendrer de nouveaux.
De nombreux cas d'abus
Mais en amont de son élection, le cardinal Prevost a surtout été très critiqué pour sa gestion de plusieurs affaires d’abus sexuels, survenues aussi bien au Pérou, où il a longtemps exercé en tant que missionnaire, qu'aux Etats-Unis. La plus grande organisation de victime aux USA aurait même averti les cardinaux que six des leurs étaient impliqués dans des cas d'abus sexuels. Robert Prevost en fait partie. Il lui est reproché d'avoir couvert plusieurs membres de sa congrégation face à de graves accusations.
Dans la province augustinienne de Chicago, entre 1999 et 2001, un prêtre reconnu coupable d’abus sexuels sur mineurs avait été autorisé à résider dans un prieuré situé à proximité d’une école primaire. Plus récemment, des doutes ont été exprimés au sujet de sa réaction face à des allégations d’abus dans le diocèse de Chiclayo, dans le nord du Pérou, où il fut évêque. En avril 2022, deux prêtres y ont été accusés d’avoir agressé sexuellement trois jeunes filles.
Le nom de Robert Prevost est également apparu en lien avec le scandale du Sodalicio de Vida Cristiana, un mouvement ultra-conservateur accusé de multiples abus sexuels, psychologiques et financiers. Certains accusateurs l’ont soupçonné d’avoir couvert un prêtre impliqué et de ne pas avoir suffisamment enquêté. Le diocèse concerné a rejeté ces accusations, précisant que Prevost avait bien initié une enquête interne.
De leur côté, plusieurs ONG spécialisées dans la défense des victimes d'agressions sexuelles ont publié des communiqués dans la foulée de son élection jeudi, remettant en question l'engagement de ce prélat américain de 69 ans à lever le voile sur ce fléau. A propos de l'affaire de Chiclayo, le groupe Survivors Network of those Abused by Priests (SNAP) a indiqué que les trois victimes avaient fait part de leurs accusations au diocèse, sans résultat. «Elles ont depuis affirmé que Mgr Prevost n'avait pas ouvert d'enquête et qu'il avait envoyé des informations inadéquates à Rome.», affirme l'ONG.