Au moins 75 personnes ont été blessées dans une manifestation à Lima mercredi, dont une majorité de policiers, a indiqué le président du Pérou José Jeri, fraîchement arrivé à la tête d'un pays secoué depuis plusieurs semaines par des mobilisations contre la classe politique et l'insécurité. «55 policiers» et «20 civils blessés», a indiqué le président par intérim José Jeri sur X, réévaluant très régulièrement le bilan à la hausse, et précisant citer le Défenseur des droits en ce qui concerne les données sur les civils.
Des milliers de personnes ont défilé mercredi à Lima, Arequipa, Cusco, ou Puno, face à une vague sans précédent d'extorsions et d'assassinats, visant des chauffeurs, des artistes, et d'autres milieux. Cette crise sécuritaire a précipité la destitution expresse de la présidente Dina Boluarte ce vendredi. Le président du Parlement péruvien, José Jeri, a repris la présidence du pays par intérim jusqu'en juillet 2026.
Dans la lignée des précédentes, la mobilisation de mercredi, prévue avant le changement inattendu de gouvernant, répond notamment à l'appel notamment de la «Gen Z», un mouvement de jeunes manifestants qui se répand à l'international, identifiables au drapeau One Piece qu'ils brandissent – le manga le plus vendu de l'histoire, dans lequel le héros Luffy s'oppose à plusieurs groupes dominants.
«Je pense qu'il y a un mécontentement général parce que rien n'a été fait (...) de la part de l'Etat», a indiqué mercredi à l'AFP Amanda Meza, travailleuse indépendante de 49 ans, en marche vers le Congrès. «L'insécurité des citoyens, l'extorsion, les assassinats commandités (...) ont considérablement augmenté», énumère-t-elle, tandis que la foule scande: «Pas un mort de plus!»
«L'expression citoyenne est un droit, mais...»
La nuit tombée, certains manifestants ont tenté de renverser les barrières de sécurité installées à l'extérieur du Congrès, a constaté un journaliste de l'AFP. La police les a dispersés à l'aide de gaz lacrymogènes et a chargé avec boucliers et matraques les groupes qui lançaient des pierres et des feux d'artifice en leur direction.
Le général Oscar Arriola, porte-parole de la police, a fait état de quatre agents blessés évacués, déplorant «un degré élevé de violence, de dommages (...) et d'agressions contre les policiers», à la radio RPP. «Les caméras de la police et de la ville de Lima serviront à identifier les délinquants qui se sont infiltrés dans une manifestation pacifique pour semer le chaos», a assuré José Jeri sur X. «Toute la rigueur de la loi s'appliquera à leur encontre.»
Le nouveau président a également fait état de 10 arrestations pour l'heure. «L'expression citoyenne dans les rues est un droit face au manque d'attention de l'Etat depuis de nombreuses années; mais nous ne permettrons pas (...) la violence comme moyen d'action», a-t-il également écrit.
Mercredi, les organisations féministes faisaient aussi partie du cortège, mobilisées contre le nouveau président qui a fait l'objet d'une plainte pour viol classée sans suite. Les militantes ont déployé un grand drapeau péruvien sur lequel était inscrit en lettres noires «José Jeri, président du Pérou, violeur».