19 jurés potentiels identifiés
Le procès pour trafic sexuel du rappeur P. Diddy s'est ouvert à New York

Le procès de P. Diddy, figure du hip-hop accusée de trafic sexuel, a débuté lundi à New York avec la sélection du jury. Le rappeur, qui clame son innocence, fait face à de multiples accusations de violences sexuelles. Le procès devrait durer huit à dix semaines.
Publié: 06.05.2025 à 02:37 heures
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P. Diddy, figure centrale du hip-hop, est accusé d'avoir mis son empire au service d'un système de trafic sexuel. (Archives)
Photo: Keystone
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AFP Agence France-Presse

Le premier jour de la sélection du jury s'est conclu lundi au procès à New York de P. Diddy, figure centrale et influente du hip-hop accusée d'avoir mis son empire au service d'un système violent et sans pitié de trafic sexuel. «Allons, ne soyez pas timide», a lancé le juge Arun Subramanian au premier groupe de jurés potentiels, qui doivent répondre à un questionnaire de 14 pages sur leur capacité à juger sereinement cette vaste affaire de violences sexuelles.

Après un marathon de questions, écrites et orales, soumises par le juge, l'accusation et la défense, 19 jurés potentiels ont été identifiés. La sélection doit se poursuivre mardi en présence d'aspirants jurés qui doivent répondre à des questions supplémentaires. Le juge du tribunal fédéral de Manhattan a indiqué s'attendre à un début des plaidoiries le 12 mai pour ce procès qui devrait s'étaler sur huit à dix semaines.

P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, est jugé pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle. Figure phare du hip-hop depuis les années 1990, il est accusé d'avoir mis son influence et son pouvoir au service d'un trafic qui obligeait des femmes à avoir de longs rapports sexuels avec des travailleurs du sexe.

Plus d'une centaines d'accusation

Selon l'accusation, P. Diddy obligeait ses employés à distribuer des drogues aux victimes lors de ces marathons sexuels appelés «freak-offs», parfois enregistrés en vidéo. En prison depuis son arrestation il y a huit mois à Manhattan, il croule en parallèle sous les accusations de violences sexuelles de plus d'une centaine de femmes et d'hommes devant la justice civile.

P. Diddy, qui est écroué dans le centre de détention métropolitain (MDC) de Brooklyn, une institution connue pour ses plaintes d'insalubrité et des décennies de violence, était apparu vieilli lors d'audiences préliminaires. Pour le procès, le juge l'a autorisé à troquer les habits de prisonnier pour ceux de civil.

Le fondateur de Bad Boy Records, qui a eu sous son aile des stars comme la reine du hip-hop soul Mary J. Blige ou le rappeur The Notorious B.I.G. – assassiné en 1997 – clame son innocence. Il a refusé un accord de plaider-coupable proposé par l'accusation, dont les détails n'ont pas été révélés. Le rappeur assure n'avoir eu que des relations sexuelles consenties. Son avocat Marc Agnifilo a évoqué un mode de vie «échangiste».

Aura maintenue, malgré une réputation violente

L'affaire secoue l'industrie musicale américaine, qui a plutôt échappé à la vague #MeToo, à l'exception de la vedette déchue du R&B R. Kelly, condamné à 30 ans de prison pour crimes sexuels en 2022. «J'espère que (le procès) incitera d'autres victimes à se manifester», dit à l'AFP Caroline Heldman, cofondatrice de l'organisation Sound Off Coalition, qui lutte contre les violences sexuelles dans l'univers de la musique.

Selon elle, l'industrie musicale est encore un monde où se mélangent «les effets de la célébrité et du pouvoir sur les gens. Cela leur procure un déficit d'empathie, et le sentiment que les règles ne s'appliquent pas à eux.»

Connu pour son image bling-bling, P. Diddy avait l'habitude de donner des fêtes somptueuses où se pressaient les célébrités sur la côte huppée des Hamptons, près de New York. Malgré une réputation violente, le natif d'Harlem, père de sept enfants, a longtemps maintenu son aura.

Un candidat au jury écarté

La chanteuse de R&B Cassie, qui a été en couple avec Diddy, sera l'un des témoins les plus attendus. Une vidéo diffusée l'an dernier par CNN et captée par des caméras de surveillance avait montré Sean Combs se déchaîner violemment contre elle en 2016 dans un hôtel de Los Angeles.

Lundi, des jurés potentiels se sont vu poser la question de savoir s'ils pensaient être en mesure de se prononcer de manière impartiale sur des personnes soupçonnées d'infidélité, de consommation et distribution de drogue, ou de liens avec le monde du hip-hop. Un candidat pour le jury a ainsi été écarté après avoir déclaré que son épouse «n'aimait pas» P. Diddy et trouvait son comportement «perturbant».

Comme un symbole de la chute du rappeur, son procès s'est ouvert le même jour que le célèbre gala du Metropolitan Museum of Art (Met) de New York, rendez-vous mondain par excellence où il avait encore monté les marches en 2023, au milieu de dizaines d'autres célébrités.


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