«Let’s Talk About Sex, baby. Let’s talk about you and me!» Ls paroles de Salt-N-Pepa, en 1990, résonne comme une prophétie. On n’a jamais parlé autant de sexualité que de nos jours. De nombreuses personnes se retrouvent alors à se poser des questions sur leur orientation sexuelle, tout particulièrement du côté des femmes. Alors que certaines se définissaient comme hétérosexuelles, elles se rendent compte que la réalité est peut-être un peu plus compliquée que prévu. Dania Schiftan, psychothérapeute et sexologue, est régulièrement confrontée à ce questionnement.
«J’ai régulièrement dans mon cabinet des femmes de tous âges qui fantasment sur d’autres femmes, mais qui se sentent perdues parce qu’elles ne veulent coucher qu’avec des hommes», rapporte la spécialiste. Selon elle, il faut bien faire la différence entre fantasmes et désirs. Qu’une personne imagine des relations sexuelles avec quelqu’un de même genre ne signifie pas qu’elle a envie de concrétiser cette expérience dans la réalité. Il ne s’agit alors que d’une pensée excitante. La sexologue tire un parallèle avec le plan à trois. Beaucoup en rêvent mais ne souhaitent pas nécessairement le vivre. Ce n’est souvent pas aussi excitant dans la réalité que dans l'imagination, poursuit Dania Schiftan.
Une sexualité fluide?
«Quand je m’intéresse à quelque chose, j’y fais davantage attention et je la perçois plus facilement comme étant beau», explique la psychothérapeute. Plus l’intérêt pour sa propre sexualité augmente, plus cette sexualité va être présente dans ses fantasmes. Pour la spécialiste, il est logique que ce que l’on trouve attirant chez soi, le soit également chez les autres.
L’orientation sexuelle est bien plus fluide que ce que l’on peut imaginer, précise Dania Schiftan. Les rapports Kinsey sur le comportement sexuel humain, publiés dans les années 1950, montrait déjà la diversité des attirances. Pour l’auteur Alfred Kinsey, «homosexualité» et «hétérosexualité» ne reflètent pas la réalité. Il affirme que la sexualité d’une personne est en constante évolution. Le comportement sexuel peut à la fois être vu comme un contact physique et une manifestation de la pensée, à l’instar du fantasme. Selon lui, il n’y a pas de catégories fixes.
Les femmes en parlent plus facilement
Les femmes se confrontent davantage à ces pensées, analyse Dania Schifta. Certaines viennent même d’elles-mêmes en thérapie. Elles expliquent qu’elles sont amoureuses d’un homme, mais que leur pénis ne les excite pas, ou plus. Elles trouvent le corps d’une femme bien plus attirant. «Le sentiment d’incertitude est alors très fort», rapporte la sexologue. Mais il ne faut pas tirer de conclusion trop hâtives: sentiments et sexualité sont bien souvent amalgamés. Il faut parvenir à démêler fantasmes et réalité. «C’est un processus qui prend du temps», souligne la spécialiste. Certaines femmes finissent par réaliser qu’elles sont en effet attirées par les femmes, d’autre non.
Il est également courant que des hommes fantasment sur leur genre, tout en se définissant hétérosexuels. Mais ceux-ci ne passent que très rarement par la case thérapie, et ils ont, de manière générale, beaucoup plus de difficultés à en parler. «La société ne les encourage pas à s’ouvrir», observe la sexologue. Cette société leur renvoie une image très restrictive de la sexualité masculine.