«Une boîte à outils»
La trompe de l'éléphant inspire l'industrie robotique

La trompe de l'éléphant pourrait servir de modèle à la robotique. Des chercheurs de l'Université de Genève ont étudié le fonctionnement de cet organe nasal très polyvalent, qui peut aussi bien manipuler un brin d'herbe que porter des charges pesant jusqu'à 270 kg.
Publié: 24.08.2021 à 10:21 heures
La trompe de l'éléphant ne comporte ni os ni articulation, ce qui lui confère une mobilité sans pareille. (photo de presse)
Photo: Michel C. Milinkovitch

Pour analyser la trompe de l'éléphant, l'équipe dirigée par le professeur du département de génétique et évolution de la faculté des sciences de l'UNIGE Michel Milinkotvitch a utilisé des techniques développées pour l'industrie du cinéma, indique lundi l'alma mater genevoise dans un communiqué.

Des marqueurs réfléchissants ont été placés le long de la trompe de deux éléphants d'Afrique et ont enregistré avec précision leurs mouvements en trois dimensions avec l'aide de caméras infrarouges. Ces mêmes marqueurs ont notamment servi pour donner vie au personnage de Gollum dans le film Le Seigneur des Anneaux.

La trompe de l'éléphant inspire la robotique

L'analyse a permis de démontrer que les éléphants utilisent une vingtaine de mouvements pour faire bouger leur trompe. «Une boîte à outils» basique qui produit un comportement complexe. L'UNIGE fait une comparaison avec la linguistique pour imager son propos. «Une phrase complexe est constituée de la combinaison de mots simples».

Parfois, la succion est utilisée par le grand mammifère pour effectuer une action, d'autres fois, la succion est associée à l'enroulement pour renforcer la préhension, souligne l'UNIGE. Tout dépend de l'objet à saisir.

Lorsque la cible est placée sur le côté de l'animal, la stratégie de l'éléphant «est très particulière». La trompe, un organe pourtant sans os, forme alors des segments rigides connectés par des articulations virtuelles «donnant momentanément l'impression d'un coude ou d'un poignet».

L'équipe pluridisciplinaire de l'UNIGE a caractérisé l'anatomie de la trompe des éléphants d'Afrique et d'Asie avec une précision sans précédent. En analysant les données, «les scientifiques ont pu établir un lien étroit entre le système musculaire de la trompe et ses fonctions biomécaniques».

Pour l'UNIGE, ces résultats serviront de base au développement d'un nouveau concept de manipulation robotique souple qui permettrait «à ces robots bio-inspirés» de détecter, d'atteindre, de saisir, de manipuler et de libérer toute une série d'objets de formes et de taille diverses.

Le résultat des travaux de l'équipe du professeur Michel Milinkovitch fait l'objet d'une publication dans la revue spécialisée «Current Biology».

(ATS)

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