Orelsan sait faire parler de lui. En bien comme en mal. Après la sortie réussie de son nouvel album «Civilisation», voilà que l'un de ses titres suscite la polémique. En cause: quelques vers de la chanson «L'odeur de l'essence» dans lesquels il utilise le mot «mongol»:
«Depuis qu’les mongols sont devenus des experts / Entourés d’mongols, l’Empire mongol / On fait les mongols pour plaire aux mongols.»
Plus en avant dans la chanson, il écrit aussi:
«On prend des mongols, leur donne des armes / Appelle ça justice, s’étonne des drames...»
Ce terme qui désigne communément quelqu'un d'idiot, a longtemps été utilisé pour désigner des personnes atteintes de trisomie 21 et est une lointaine référence au peuple mongol. Une association qui milite pour l'interdiction de ce terme a lancé une pétition sur Change.org. Ses propos ont été relayés par les sites des journaux français «Le Parisien» et «Le Point» et cumule près de 13'000 signatures.
Appel à le déprogrammer de festivals
L'association Routes Nomades estime que «l’utilisation du terme mongol de cette manière est non seulement insultante, mais porte aussi atteinte à l’identité mongole et banalise le non-respect envers la dignité humaine». Plus, loin elle martèle: «Orelsan n’emploie pas ce terme pour insulter tout un peuple. Pour autant, ce terme est associé dans le langage courant à une insulte envers les personnes atteintes de trisomie 21 et, plus largement, envers des personnes que l’on juge bêtes. Si le sens de la chanson renvoie bien ici à une personne idiote, et ne renvoie pas aux gens de nationalité ou d’origine mongole (de Mongolie), son usage reste raciste et discriminatoire.»
Elle appelle le rappeur normand à s'excuser, demande aux programmateurs musicaux des chaînes de radio de ne plus diffuser la chanson et les festivals d'annuler les concerts d'Orelsan tant qu'il ne sera pas excusé et n'aura pas retiré la partie jugée offensante de sa chanson.
«Tout choque selon les sensibilités de chacun»
Orelsan est un habitué de ce genre de polémiques. Il avait suscité une très vive controverse en 2009 pour deux titres, «Sale Pute» et «Saint-Valentin», deux titres que des associations féministes voyaient comme misogynes et banalisant la violence faite aux femmes. En 2018, alors qu’il venait d'être élu Artiste masculin de l’année aux Victoires de la musique, certaines organisations avaient demandé à ce que ses trophées lui soient retirés.
Lui-même s'est toujours défendu, estimant dans «L'Express» ne pas pouvoir être «toujours politiquement correct». Fin octobre, il déclarait comprendre que certaines de ses paroles puissent choquer, «comme tout choque selon les sensibilités de chacun».
Dans la même chanson, Orelsan commence par ailleurs avec une dénonciation du racisme:
«La nostalgie leur faire miroiter la grandeur d'une France passée qu'ils ont fantasmée
(Regarde), l'incompréhension, saisir ceux qui voient leur foi dénigrée sans qu'ils aient rien demandé
(Regarde), la peur, les persuader qu'des étrangers vont v'nir dans leurs salons pour les remplacer
(Regarde), le désespoir, leur faire prendre des risques pour survivre là où on les a tous entassés»