Parmi les mythes tenaces en matière de sexualité, on retrouve en bonne place celui qui voudrait qu’il soit normal d’avoir mal lorsqu'on a des rapports sexuels. Selon l’American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG), trois femmes sur quatre ont déjà ressenti des douleurs à l’occasion de relations sexuelles.
Pire, selon un article paru dans le «New York Times», un nombre important d’entre elles pensent que les douleurs ressenties pendant ou après l’acte seraient le signe d’un rapport de qualité («good sex» en anglais dans le texte).
Or, les spécialistes sont unanimes: à l’exception de périodes bien particulières de la vie, ressentir des douleurs lors de l’acte sexuel n’est pas quelque chose de normal: «Il est tout à fait courant d’éprouver des douleurs au début de sa vie sexuelle. Le problème, c’est que certaines femmes pensent ensuite qu’il est inévitable d’avoir mal lorsqu’elles ont un rapport», indique la Dre Francesca Lauria, spécialiste FHM en gynécologie et obstétrique à Genève.
Les affections gynécologiques pouvant causer des douleurs pendant l’acte sexuel
Lorsqu'on ressent des douleurs à la pénétration, une visite chez un spécialiste s’impose afin d’exclure une cause pathologique.
Vaginites et vulvites
Ces inflammations de la vulve et/ou du vagin peuvent être causées par une infection à levures (communément appelée mycose vaginale) ou bactérienne comme la gonorrhée ou la chlamydia. Des pathologies courantes qui se traduisent le plus souvent par des écoulements, ainsi que par des démangeaisons, brûlures et douleurs lors de la pénétration.
Troubles cutanés
Certains troubles cutanés comme la dermatite de contact peuvent entraîner des ulcères ou des fissures dans la peau très sensible de la vulve. Le plus souvent causées par une réaction à une substance irritante (savons parfumés, douches, lubrifiants), ces affections provoquent, elles aussi, démangeaisons, brulures et douleurs.
Vaginisme
Le vaginisme est une contraction-réflexe des muscles se situant à l’entrée du vagin. Un resserrement qui occasionne logiquement des douleurs lorsqu’on essaie d’avoir un rapport sexuel. Selon la Dre Lauria, le vaginisme peut être causé par le souvenir traumatique d’abus passés, par une mauvaise image de soi ou résulter d’un amalgame entre l’acte sexuel et une conséquence désagréable pour la personne concernée: «J’ai vu plusieurs patientes qui souffraient de cystites à répétition développer un vaginisme. Dans leur esprit, faire l’amour était devenu indissociable de l’infection redoutée», explique la spécialiste.
Changements ou dérèglements hormonaux
Pendant la ménopause, la diminution des niveaux d’œstrogènes peut provoquer une sécheresse vaginale rendant les rapports sexuels douloureux. Un cas de figure qu'on retrouve également en cas de dérèglement hormonal.
Accouchement
«Les femmes ayant subi une épisiotomie ou des déchirures du périnée pendant l’accouchement peuvent ressentir des douleurs pendant jusqu’à un an après l’accouchement», indique la Dre Lauria.
Autres causes
Les maladies inflammatoires pelviennes, l’endométriose, les fibromes, les kystes, mais également certains troubles intestinaux peuvent, eux aussi, causer des douleurs durant les rapports sexuels. Enfin, la présence d’un utérus rétroversé (variante anatomique et non pathologique où l'utérus est incliné vers l'arrière au lieu d'être dirigé vers l'avant) peut, elle aussi, induire des douleurs, particulièrement dans certaines positions.
Les causes psychologiques
Lorsque les examens cliniques menés par un médecin ne révèlent rien, cela ne signifie pas pour autant que les douleurs ressenties n’existent pas! En effet, comme le note l’ACOG, ces dernières peuvent aussi trouver leur origine dans des problématiques en lien avec un manque de désir (l’envie d’avoir un rapport sexuel) ou avec un manque d’excitation (l’ensemble des manifestations, physiques et émotionnelles, résultant d’une stimulation sexuelle). Voici les causes les plus fréquentes mentionnées par l’ACOG.
Les sentiments négatifs par rapport au sexe
Un état d’esprit marqué par des émotions telles que la peur, la culpabilité, la honte ou encore la gêne à l’idée d’avoir des relations sexuelles pouvant rendre difficile la relaxation. Une situation qui peut perturber le processus de lubrification du vagin et, par voie de conséquence, occasionner des douleurs.
Les problèmes relationnels
L’existence de problèmes relationnels avec son partenaire, comme par exemple un décalage mal vécu entre la libido de l’un et de l’autre.
Les médicaments
La prise de médicaments ayant pour effets secondaires une baisse de la libido, un retard de l’éjaculation ou encore une sécheresse, à l’instar de certains antidépresseurs, psychotropes ou contraceptifs hormonaux.
Dans ces cas également, une visite chez un professionnel de santé est fortement recommandée. Selon la Dre Lauria, une fois les causes physiologiques écartées, ce dernier pourra par exemple vous proposer une prise en charge globale, en collaboration avec un physiothérapeute, un psychologue ou encore un sexologue.
Les hommes aussi
Si les femmes ayant des rapports sexuels avec pénétration constituent la majorité des cas observés, les hommes peuvent, eux aussi, ressentir des douleurs durant l’acte sexuel. Selon un article de référence publié dans la revue médicale International Journal of STD & AIDS, la douleur ressentie par certains hommes, principalement au moment de l’éjaculation, peut être causée par une prostatite chronique ou par un syndrome de douleur pelvienne chronique (SDPC).
Les pistes pour retrouver une vie sexuelle en douceur
S’il est – on le répète – primordial de consulter au plus vite en cas de douleurs sévères ou récurrentes, il existe également des pistes plus simples pour que votre vie sexuelle reste une affaire de plaisir.
Utilisez un lubrifiant
Non, contrairement à une idée largement répandue, ces derniers ne sont de loin pas uniquement réservés aux femmes ménopausées. À base d’eau, de silicone, à effet chaud ou froid, aromatisés ou formulés pour les peaux les plus sensibles, le choix est large. Attention cependant à ne jamais utiliser de vaseline, d’huile pour bébé ou d’huile minérale lorsqu'on utilise un préservatif.
Prenez votre temps et communiquez
Choisissez un moment où ni vous ni votre partenaire n’est fatigué, stressé ou anxieux et verbalisez. Parlez à votre partenaire de vos douleurs et des occasions durant lesquelles vous les éprouvez (au début, à la fin, dans une certaine position). A l’inverse, dites-lui également ce que vous trouvez agréable.
Variez les activités sexuelles
Essayez des activités sexuelles ne causant pas de douleur. On ne le répètera jamais assez, le sexe ne se résume pas à la seule pénétration! Si cette dernière constitue un problème pour vous en ce moment, pourquoi ne pas vous concentrer par exemple sur le sexe oral ou la masturbation mutuelle?