À l'aube de ce weekend prolongé tant attendu, l'appel de votre canapé vous réjouit-il davantage que l'idée de réserver vos prochaines vacances? Si c'est le cas, vous avez sans doute besoin d'une bonne dose de repos, les pieds surélevés, une tasse de thé dans une main et une tranche de banana bread dans l'autre.
Mais peut-on réellement recharger nos batteries en trois ou quatre jours seulement? Une étude parue en 2012 dans le «Journal of happiness studies» décrète en effet que le bien-être lié aux vacances connait un pic notable dès le 8e jour de congé, suggérant qu'il faudrait aumoins une ou deux semaines pour remplir nos réserves d'énergie. Un simple weekend prolongé ne suffirait donc pas à chasser la moindre once de fatigue, surtout si l'épuisement nous guette, au cœur d'une saison printanière déjà mouvementée.
Cela n'empêche qu'une poignée de journées libres peuvent déjà avoir un effet largement bénéfique! «En dehors d’un contexte d’épuisement avancé, chaque moment de récupération possible, même une heure par jour, est bénéfique», note Laurence Oro-Messerli, docteure en psychologie du travail.
Afin de tirer un maximum de ressourcement du weekend, voici 4 stratégies simples qui vous aideront à lutter contre l'épuisement. À noter que les grandes fatigues persistantes méritent un repos plus conséquent et plus étendu, voire un rendez-vous chez votre médecin traitant, si votre qualité de vie s'en trouve impactée.
Réfléchir à nos besoins
Contre toute attente, le repos véritablement efficace mérite d'être un peu anticipé... Mais promis, cela ne vous demandera qu'une petite dizaine de minutes au maximum! «Je conseille de faire un point sur nos besoins avant le début du weekend prolongé, poursuit la spécialiste. Puisqu’il n’est pas évident de les identifier, il peut être bénéfique de clarifier en avance ce qu’on peut mettre en place pour se respecter, négocier du temps libre ou organiser le planning familial de sorte à disposer de quelques moments de repos total.»
Or, dans une société aussi agitée et exigeante que la nôtre, le simple fait d'identifier ses propres besoins est un long parcours semé d'embûches, de stress et de culpabilité: pourquoi lire un livre lorsqu'on peut rendre visite à des amis qui vivent à l'autre bout du pays? Pourquoi rester au lit quand nos horaires de bureau ne nous permettent jamais de s'adonner à un jogging matinal? Comment s'autoriser une journée totalement vide, alors qu'on a si peu d'occasions d'organiser des activités en famille? Les choix peuvent devenir cornéliens.
«Il me semble essentiel de bien se connaître, de comprendre ce qui recharge nos batteries et ce qui, au contraire, les vide, estime Nadia Droz, psychologue FSP spécialiste en santé du travail. Et cela peut être extrêmement différent pour chaque personne! Les uns préféreront se ressourcer en faisant du sport, d’autres en lisant, en allant au musée ou en découvrant quelque chose de nouveau… L’important est de s’écouter, d'oser dire non et de résister aux pressions que peuvent véhiculer les réseaux sociaux, surtout quand les stories Instagram de nos proches exhibent des aventures passionnantes et qu'on se sent coupable de rester à la maison.»
Changer de rythme
L'un des plus beaux atouts des vacances (ou des weekends prolongés) est la rupture totale de nos routines habituelles, auxquelles il devient possible d'infuser un peu de légèreté. Bien que cela soit insuffisant pour les personnes dont la batterie interne menace de se vider totalement, Nadia Droz constate que tout changement de rythme peut être bénéfique:
«Notre physiologie présente des rythmes variables durant une même journée comme sur une période de l'année: il est donc complètement normal que nous soyons plus efficaces et productifs à certains moments que d’autres.» La psychologue observe par exemple qu'un weekend rempli de randonnées, surtout pour les personnes plutôt sédentaires, peut interrompre le rythme habituel et apporter une bouffée d'air dans ces journées de repos. En outre, les personnes très actives et souvent stressées trouveront peut-être un maximum de repos dans un rythme plus lent, plus spontané et décontracté, avec un long petit-déjeuner tardif ou un après-midi totalement (et superbement) non productif.
Ne rien faire
«Notre société moderne ne valorise absolument pas le “rien faire”, déplore Nadia Droz. C'est dommage, car ces moments de vide occasionnels encouragent la créativité et nous permettent de nous recentrer sur nous-même.»
L'idée est réjouissante, la pratique compliquée: une fois de plus, il convient de bien connaître ses propres besoins pour trouver le courage de les respecter, de refuser les invitations qui les contrarient et de modifier notre emploi du temps, dans la mesure du possible, en faveur d'un véritable repos: «Si l'on ne se respecte pas durant ces quelques jours de congé, qu’on cède à toutes les injonctions ou aux pressions extérieures, on risque d’aggraver l’état de fatigue, prévient Laurence Oro-Messerli. Il est indispensable de respecter au maximum nos besoins, quitte à refuser certaines invitations. Cela ne va pas de soi et demande un certain courage, mais il est vraiment important de se dégager du temps pour se détendre, sans culpabiliser.»
Cela passe-t-il forcément par une demi-journée de farniente, à plat ventre sur le tapis ou le canapé, devant une série? Pas forcément! L'essentiel est juste de préserver des moments libres, flexibles et dénués de toute pression: «Le stress positif peut aussi nous épuiser, rappelle Nadia Droz. Le plus important est de viser un équilibre sain entre les activités qui nous remplissent de bonheur et celles qui nous permettent de reprendre des forces. Bien que ces plages horaires vides ne soient pas évidentes à gérer ou à mettre en place pour tout le monde, elles sont indispensables.»
Reconnecter avec la détente
Voilà qui nous amène au cœur du problème: en mettant en place toutes ces mesures, en annulant des rendez-vous et en acceptant de changer de rythme, nos batteries auront-elles le temps de se réapprovisionner, même en l'espace de quelques jours? Hélas, la réponse reste non, surtout pour les personnes profondément épuisées.
Néanmoins, Laurence Oro-Messerli souligne que les weekends prolongés possèdent d'autres avantages que celui de nous ressourcer totalement: «Ils permettent de faciliter une forme d'introspection en interrompant le rythme effréné de notre quotidien, tout en nous faisant réaliser à quel point le repos est essentiel, explique-t-elle. Le fait de déconnecter et de se ressourcer crée un cercle vertueux, dans la mesure où cela nous rappelle comment on se sent et à quoi peut ressembler la vie lorsqu’on est moins stressé.»
Pour notre experte, cette réalisation peut nous donner envie de cultiver plus fréquemment ce genre de moments, afin de se laisser moins facilement absorber par la routine stressante de la semaine de travail. «Les weekends prolongés et les vacances permettent ainsi de réaliser un ancrage positif et, s’ils nous encouragent à nous reposer plus souvent, permettent de lutter contre l’épuisement sur le long terme», résume-t-elle.
Comment faire perdurer les effets du weekend?
Il reste un dernier obstacle à contourner, pour puiser un maximum d'endurance dans le weekend pascal: empêcher la routine stressante de reprendre le dessus, une fois les vacances terminées! «Pour cela, il faudrait idéalement réaliser des bilans réguliers et faire des points de situation, en fin de journée par exemple, afin d’identifier les facteurs de stress évitables qui nous ont fatigués», propose Laurence Oro-Messerli.
La docteure en psychologie remarque notamment que certaines personnes s’adonnent à un journal d’auto-observation pour déterminer leur «météo intérieure», en notant rapidement si leur journée a été rouge (très stressante), orange (moyennement stressante) ou verte (peu stressante). «Par ailleurs, quand tout va bien et qu’on se sent serein, il est tout aussi important d’observer les routines qui nous ont permis d’atteindre ce bien-être», conclut-elle.
Pour les fans de journaling, une autre idée serait donc de noter toutes les habitudes ou activités qui vous ont permis d'atteindre repos et détente durant vos journées de congé.