Qui n’a jamais été tenté, alors qu’un réveil sonne brutalement l’heure de se lever, d’appuyer sur cette touche bénie qu’on appelle «snooze» pour repousser l’échéance? Tous les lève-tard vous le diront: reporter son réveil de quelques minutes, voilà la seule façon de commencer dignement sa journée. Longtemps, les experts ont affirmé que cela ne pouvait que nuire à la santé. Alors que le réveil qui sonne doit permettre au corps de sortir de l’état de sommeil, l’y replonger immédiatement entraînerait confusion et fatigue supplémentaires. Pourtant, une nouvelle étude vient battre en brèche cette idée.
Menée par l’université de Stockholm, celle-ci a été publiée dans le «Journal of Sleep Research» (le Journal de la Recherche sur le sommeil, ça ne s’invente pas) ce mercredi. Les scientifiques se sont d’abord penchés sur le profil des «snoozers» incapables de se lever du premier coup. Puis, ils en ont sélectionné une quarantaine et leur ont soumis des tests. D’abord après avoir repoussé leur réveil ; ensuite après s’être levé directement. Stress, somnolence, humeur et capacités cognitives: tout a été soigneusement examiné.
Un esprit plus vif au réveil
Ces individus avaient tous en commun le fait de se rendormir entre chaque sonnerie d’alarme. Résultat: repousser son réveil jusqu’à 30 minutes après la première alarme n’a aucun effet franchement négatif. «Nos recherches montrent que ceux qui ‘snoozent’ se sentent un peu plus somnolents le matin», explique Tina Sundelin, chercheuse à l’Université de Stockholm. Mais il n’y a pas d’effets négatifs sur la libération de cortisol [NDLR: l’hormone du stress], la fatigue matinale, l’humeur ou la qualité du sommeil tout au long de la nuit.»
Mieux encore: les «snoozers» ont obtenu de meilleurs résultats aux tests cognitifs. «Ils étaient plus vifs d’esprit juste après s’être levés», poursuit Tina Sundelin. Autre point positif: repousser l’alarme a généralement permis aux individus observés de ne pas être tirés d’un sommeil profond, mais bien de reprendre un sommeil léger avant de se réveiller pour de bon.
Les jeunes et les femmes «snoozent» le plus
Qui sont donc les adeptes du bouton «snooze»? Selon l’étude, plutôt des jeunes (six ans de moins en moyenne que celles et ceux qui ne l’utilisent jamais) et plutôt des femmes (qui représentaient 66% des participants). Sans surprise, celles et ceux qui ont tendance à repousser leur réveil se définissent par ailleurs comme des oiseaux de nuit, enclins à se coucher tard. Et la raison invoquée est souvent la même: l’incapacité à se tirer du lit à l’heure dite.
Mais alors, dort-on vraiment moins lorsqu’on repousse son réveil indéfiniment, au lieu de le mettre plus tard une bonne fois pour toute? Et bien pas forcément. Sur les 30 minutes de «snoozing», les participants dormaient en moyenne 23 minutes. Autrement dit, ils n’ont «perdu» que 7 minutes de sommeil par rapport aux autres.
Pour les auteurs de l’étude, «snoozer» est une façon de s’adapter à ce qu’on appelle l’inertie du sommeil. Mais si, vous savez, cette torpeur désagréable au réveil qui nous laisse dans le brouillard. Les adeptes du report de réveil utiliseraient cette fonction pour «alléger» leur sommeil et diminuer cette inertie. En revanche, Tina Sundelin rappelle que toute l’étude a été menée sur des individus qui avaient l’habitude de ces matins fragmentés, et n’avaient aucun mal à se rendormir après une alarme. «Le snoozing n’est sûrement pas pour tout le monde», souligne-t-elle. Mais si cette option vous convient, vous pouvez d’ores et déjà arrêter de culpabiliser.