Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, emprisonné depuis mars, a été convoqué dimanche devant un juge dans le cadre d'une nouvelle enquête lancée contre lui, cette fois pour espionnage, tandis qu'un millier de personnes manifestaient devant le palais de justice pour lui apporter leur soutien, ont constaté des journalistes de l'AFP. Cette nouvelle enquête visant Ekrem Imamoglu, considéré comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, intervient alors qu'un tribunal d'Istanbul l'a relaxé vendredi dans une affaire portant sur des accusations de trucage d'un appel d'offres réalisé lorsqu'il était maire de Beylikdüzü, un district d'Istanbul, en 2015.
Imamoglu fait l'objet de nombreuses autres poursuites qui l'empêchent en l'état de pouvoir candidater à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2028, pour laquelle il a été investi par son parti, le CHP (social-démocrate), principale force d'opposition. Le maire d'Istanbul a été amené en fin de matinée au palais de justice de Caglayan mais n'avait pas encore été entendu cinq heures plus tard, selon des informations de la presse locale.
«Ils essaient de dire qu'il était un espion. Honte à eux!»
Son directeur de campagne lors des élections municipales de 2019 et 2024, Necati Özkan, et le rédacteur en chef de la chaîne d'opposition Tele1, Merdan Yanardag, également visés par l'enquête pour espionnage lancée par le parquet général d'Istanbul étaient également cités à comparaître. Merdan Yanardag a été arrêté vendredi et les autorités turques ont pris le contrôle de sa chaîne de télévision le même jour.
Le dirigeant du CHP Ozgul Ozel s'est adressé aux manifestants massés devant le palais de justice, qui scandaient des slogans et agitaient des drapeaux sous l'oeil de policiers anti-émeute. «Ils l'ont qualifié de voleur, ça n'a pas marché. Ils l'ont accusé de corruption, ça n'a pas marché. Ils l'ont accusé de soutenir le terrorisme, ça n'a pas marché», a-t-il martelé en parlant de Imamoglu. «Maintenant, comme dernier recours, ils ont essayé de dire qu'il était un espion. Honte à eux!» a tonné le dirigeant du CHP devant la foule.
«Honte à ceux qui empêchent de diffuser normalement une télévision (...) Nous n'abandonnerons pas Merdan Yanardag et le personnel de Tele1. Ils ne peuvent pas réduire au silence la presse libre», a-t-il ajouté. «Ce n'est pas juste une enquête ordinaire. Ils ont ouvert cette enquête pour espionnage comme prétexte car ils ne pouvaient trouver rien d'autre», s'indignait dans la foule Ali Sacli, un partisan du CHP âgé de 50 ans. «Ils font cela pour nous intimider et nous avoir à l'usure», a-t-il dénoncé.