Les milieux économiques ont investi près de quatre millions de francs dans la campagne pour du «non» à «l'initiative pour l'avenir», qui vise à instaurer un impôt sur les successions. L'objectif des opposants au texte ne se limite pas à infliger une simple défaite aux Jeunes Socialistes (JS), mais aussi à les humilier en faisant passer le score du «oui» sous la barre des 30%. Un tel résultat constituerait le pire de l’histoire de la jeune formation.
Et aujourd'hui, ce scénario semble plus que jamais réaliste. Selon le deuxième sondage réalisé par GFS Berne pour le compte de la SSR, seules 30% des personnes interrogées soutiennent encore l’initiative aujourd'hui, tandis que 68% d'entre elles la rejettent. Le dernier sondage publié par Tamedia révèle une tendance encore plus nette: le soutien au texte chute à 23%, tandis que le «non» récolte 75%.
Vers une quatrième défaite
Jusqu’ici, seules quelques initiatives des Jeunes Socialistes avaient été soumises au vote. L’initiative contre la spéculation sur les denrées alimentaires avait obtenu 40,1% de oui en 2016. Le score de l'initiative «99%» en 2021 était un peu moins bon, avec 35,1% de votes favorables.
Enfin, en 2024, l’initiative «1:12» n'avait récolté que 34,7% d'avis favorables. A chaque fois, les Jeunes Socialistes avaient su convaincre au-delà du seul camp rose-vert.
Mais cette fois, la mobilisation ne semble pas suivre. Certes, les sympathisants du Parti socialiste (PS) – formation mère des JS – et des Vert-e-s y restent massivement favorables, à respectivement 72% et 76%. Mais le rejet est tout aussi massif dans les rangs des partis bourgeois: 95% des électeurs du Parti libéral-radical (PLR) refusent le texte, suivis par ceux de l’Union démocratique du centre (UDC) à 90% et par ceux du Centre à 86%. Même au sein des Vert’libéraux, 74% des sondés rejettent le texte.
«Un discours de jalousie»
Les initiatives populaires ont tendance à perdre du soutien au fil de la campagne. Voir les Jeunes Socialistes échouer à franchir la barre symbolique des 30% n'a donc rien d'un scénario irréaliste.
Une perspective qui réjouit Benjamin Mühlemann, coprésident du PLR. «Un 'non' net enverrait un message clair: la population en a assez de ce discours de jalousie perpétuel que les Jeunes Socialistes alimentent avec des idées absurdes», déclare-t-il à Blick. Selon lui, la jeune formation «dénigre précisément les entrepreneurs qui font tourner l’économie, créent des emplois et assurent notre prospérité».
Il ne croit toutefois pas qu’une lourde défaite dissuadera les Jeunes Socialistes de lancer de nouvelles initiatives tout aussi radicales. «Ils veulent vivre dans le confort aux dépens de celles et ceux qui travaillent dur. Je ne me fais aucune illusion.»
Un cadeau amer
Pour la cheffe des Jeunes Socialistes Mirjam Hostetmann, qui a fêté mardi son 26ème anniversaire, un tel revers serait un cadeau amer. «Bien sûr, ce serait une déception si les résultats des sondages se réalisaient», dit-elle. Mais les sondages ne sont qu'un instantané. La mobilisation du camp du oui est désormais décisive.
Mirjam Hostetmann est convaincue que l'initiative a déclenché un vaste débat sur les inégalités de fortune et la destruction du climat par les plus riches, ce qui n'avait plus été le cas depuis longtemps. «Nous allons nous battre même après le dimanche de votation pour une imposition équitable des grandes fortunes.»
Elle laisse ouverte la question de savoir si la prochaine initiative de la JS sera bientôt lancée. «C'est la base de notre parti qui décidera si et quand nous lancerons une nouvelle initiative. Quel que soit le résultat de la votation: les millions de lobbies de la contre-campagne ne nous intimideront pas à l'avenir non plus!»
Le Service citoyen en mauvaise posture
Il n’y a pas que pour les Jeunes Socialistes que la messe semble dite. Les partisans de l’initiative «Service citoyen» voient eux aussi leurs chances de victoire s’effriter. Alors que le premier sondage de GFS Bern faisait encore état d'une course serrée, les opposants au texte ont désormais creusé l'écart.
Selon le deuxième sondage, 64% des personnes interrogées refusent l’instauration d’une année de service obligatoire pour tous les jeunes, tandis que seulement 32% y sont favorables. Le soutien le plus fort se trouve chez les sympathisants du parti Vert’libéral, avec 55% de sympathisants favorables au texte. Dans toutes les autres formation, le texte est clairement rejeté, avec des taux de refus allant de 55% chez les Vert-e-s à 69% du côté de l’UDC.
Pour ce sondage d'opinions, GFS Berne a interrogé 12'939 personnes ayant le droit de vote entre les 5 et le 13 novembre. La marge d’erreur statistique est de +/– 2,8 points de pourcentage.