Une politologue classe la querelle des générations
La classe moyenne suisse est pauvre: tout est dans la tête?

Après la parution du baromètre de la famille, les critiques ont fusé: en réalité, la classe moyenne se porterait bien et la pauvreté ne serait qu'imaginaire. C'est non seulement faux, mais aussi inexact.
Publié: 30.03.2024 à 10:40 heures
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Dernière mise à jour: 30.03.2024 à 10:51 heures
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La classe moyenne va-t-elle mal aujourd'hui?
Photo: Thomas Meier
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Sermîn Faki

«Sentiment de pauvreté», titrait la «Sonntagszeitung» il y a six jours, après que le baromètre des familles 2024 a montré que les familles renonçaient même à avoir un enfant supplémentaire pour des raisons financières. Déclarer l'état d'urgence pour les familles est «faux», a également jugé la «Neue Zürcher Zeitung». Les Suisses se portent mieux qu'avant, la pauvreté a diminué et l'état de la classe moyenne est extrêmement stable. Tout n'est donc qu'imaginaire?

Non. «Mais ce qui est vrai, lance la politologue Sarah Bütikofer, c'est que l'on est aujourd'hui nettement plus enclin à consommer que les générations précédentes. On va plus souvent manger à l'extérieur, on prend des vacances plus chères et on achète plus souvent des appareils électroniques.»

Conflit intergénérationnel

Il n'en reste pas moins vrai qu'il y a 40 ans, une famille avec trois enfants et un seul salaire pouvait plutôt s'offrir une maison. Aujourd'hui, c'est pratiquement impossible pour une famille de la classe moyenne sans héritage.

C'est ce que montre aussi le sondage représentatif sur la Suisse alémanique et la Suisse romande «Ainsi pense la Suisse», réalisé par l'institut Sotomo pour le compte de Blick. À la question: «D'une manière générale, qui pouvait, ou peut, s'offrir davantage: la famille dans laquelle vous avez grandi ou votre propre famille actuelle?», 38% des personnes de plus de 55 ans répondent clairement: la famille actuelle. Chez les 18-35 ans, ils ne sont plus que 17% à le confirmer. 27% d'entre eux sont convaincus que la famille dans laquelle ils ont grandi pouvait clairement se permettre davantage.

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Ce constat est étayé par d'autres études. «En Occident, la jeune génération actuelle est la première à penser qu'elle vivra un jour moins bien que ses parents», explique Sarah Bütikofer.

La «charge mentale» joue un rôle

Mais selon la politologue, il y a un autre élément qui joue dans ce sentiment de régression: le changement de société. «Aujourd'hui, les deux parents travaillent généralement, peut-être même en tant que pendulaires. L'organisation de la vie professionnelle et familiale est plus exigeante», assure Sarah Bütikofer.

Selon lui, il n'est pas étonnant que le phénomène de la «charge mentale» fasse aujourd'hui l'objet de tant de discussions. «La vie d'autrefois était apparemment plus simple, plus détendue, précise-t-elle. Même s'il y a beaucoup de nostalgie, le sentiment dans de nombreuses familles d'être fortement sous pression y est aussi pour quelque chose.»

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