Une étude jette un pavé dans la mare
Les écoles privées feraient économiser 156 millions par an aux contribuables

Alors que le Grand Conseil va bientôt débattre d'une nouvelle loi sur l'enseignement privé, l'association vaudoise des écoles privées publie une étude qui démontrerait l'importance économique de ces établissements pour le canton. Un hasard du calendrier, assure-t-on.
Publié: 24.06.2021 à 14:34 heures
|
Dernière mise à jour: 24.06.2021 à 14:48 heures
Brillantmont International School, à Lausanne, est une école internationale mixte. (Image d'illustration)
Photo: D.R.
ANTOINE ZOOM (1).png
Antoine HürlimannResponsable de l'actualité de L'illustré

Collège Champittet à Pully, Brillantmont International School à Lausanne, Collège Beau Soleil à Villars-sur-Ollon ou encore Haut-Lac Ecole Internationale Bilingue à Saint-Légier. Autant d’établissements privés renommés qui accueillent des élèves venus des quatre coins de la planète, mais aussi des environs. Les exemples du genre, chers aux familles fortunées, sont légion en terres vaudoises. Et d’après leur faîtière, qui dévoile ce jeudi matin dans les locaux du Centre Patronal une étude réalisée par KPMG, cette forte présence n’est que miel aux lèvres du canton.

Les chiffres impressionnent. D’après les recherches commandées par l’association vaudoise des écoles privées (AVDEP) pour la rondelette somme de 60’000 francs, les retombées économiques de ces institutions onéreuses seraient éléphantesques. Leur valeur ajoutée (directe, indirecte et induite) atteindrait 1,424 milliard de francs par an. Les économies annuelles pour les contribuables vaudois – les élèves concernés étant pris en charge par le privé – se monteraient à 156 millions de francs. Mieux, en plus d’alléger les impôts de Monsieur et Madame tout le monde, les rentrées fiscales cantonales et communales liées aux écoles privées atteindraient 50 millions de francs par an. «On ne coûte rien à la collectivité et on rapporte», commente Baptise Müller, secrétaire général de l’AVDEP.

Une nouvelle loi dans le viseur

Cet état des lieux mirifique et inédit, fruit d’une analyse à laquelle ont participé 38 établissements vaudois représentant 58% des élèves en privé, n’intervient pas n’importe quand. «Dans quelques jours, un nouveau projet de loi sur l’enseignement privé sera publié, reprend Baptiste Müller. À l’heure où le Grand Conseil va être appelé à débattre sur ce texte, qui fixera les conditions-cadres d’exercice des écoles concernées, il nous paraît important de pouvoir fournir une étude approfondie, conduite par un mandataire reconnu, qui démontre l’importance économique de cette activité.»

Fallait-il donc, stratégiquement, publier ces recherches avant que les politiques ne s’emparent du sujet? Le secrétaire général sourit: «Je suis en fonction depuis plus de quatre ans et on me promet, depuis plus de quatre ans, que j’aurai ce projet de loi dans les trois mois, affirme-t-il. Il était donc impossible de faire en sorte volontairement que cette étude – qui s’est par ailleurs étalée sur 11 mois – paraisse juste avant la mise en consultation.» Un heureux hasard, en somme.

La reconnaissance avant tout

Mais quelles sont les revendications de la faîtière, au juste, puisqu’elle n’en a exprimé aucune durant sa présentation? «En premier lieu, la reconnaissance», rétorque du tac au tac Jean-Louis Dubler, président de l’AVDEP et directeur de l’Ecole internationale bilingue Haut-Lac. Baptiste Müller complète: «Nous avons été consultés à plusieurs reprises par le Canton durant le projet d’élaboration de loi. Nous n’avons pas vu le dernier texte qui sera très prochainement publié, mais nous sommes ravis d’avoir été entendus sur certains points particulièrement problématiques, qui ne correspondaient pas du tout à la réalité du terrain.»

Lesquels, précisément? «Le premier projet était très intrusif dans la gestion des écoles privées», assure le secrétaire général, sans rentrer dans les détails mais sans botter en touche. «Cela ne serait toutefois pas correct d’en tenir rigueur à la conseillère d’Etat en charge (ndlr. Cesla Amarelle) puisqu’il s’agissait d’un projet intermédiaire.» Il poursuit: «Nous veillerons à ce que notre liberté pédagogique et économique soit garantie.»

Amis ou ennemis?

Le président de l’association Jean-Louis Dubler explique qu’il ne s’attend pas «à une bienveillance particulière de la conseillère d’Etat» mais qu’il faut souligner «que la situation est bien meilleure qu’avec sa prédécesseure (ndlr. Anne-Catherine Lyon), avec qui il n’y avait aucun dialogue». L’homme insiste: «L’enseignement privé est complémentaire de l’enseignement public. Son poids économique maintenant quantifié vient appuyer la nécessité de se développer de manière harmonieuse et stable, en bonne intelligence avec le système scolaire étatique.» Vivement que le texte de la nouvelle loi soit publié.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la