Victime d'un complot familial?
Un riche diplomate se fait voler un million d'euros en Suisse: son fils suspecté

Un diplomate s'est fait voler un million d'euros à Zoug. Son fils, également diplomate, est suspecté d'être le cerveau du cambriolage. L'enquête dévoile une histoire familiale complexe mêlant rancœur et addiction à l'argent.
Publié: 17.02.2025 à 06:53 heures
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Dernière mise à jour: 17.02.2025 à 08:42 heures
C'est dans la ville de Zoug que qu'un diplomate s'est fait dérober un million d'euros.
Photo: Sven Thomann
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Solène MonneyJournaliste Blick

Ce cambriolage aurait pu passer pour une affaire de grand banditisme, mais il s'est déroulé dans le cadre discret de la diplomatie. Un sexagénaire, consul des Seychelles en Suisse s'est fait dérober un million d'euros (944'455 francs suisses) dans son appartement à Zoug. Son fils, «ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire» d’un autre petit Etat insulaire en France est soupçonné par la justice d'avoir orchestré le cambriolage, rapporte «Le Parisien», dimanche 16 février. 

Cette enquête judiciaire digne d'un polar mené conjointement par la Suisse et la France, révèle des méthodes du crime organisé: malfaiteurs recrutés, addiction à l'argent, rancœur familiale, coffre-fort. Un cocktail explosif. Un membre du commando en France vient d'être arrêté et les premiers éléments lèvent le voile sur cette affaire rocambolesque. 

Des détails curieux

Pour saisir les dessous de cette affaire, il faut revenir à janvier 2021. Alors que le diplomate, en poste à Zoug, est absent, un groupe de malfaiteurs s’introduit dans son domicile. Leur cible: un imposant coffre-fort de 400 kg solidement fixé au mur. A l’intérieur, un butin conséquent: un million d’euros en liquide, des bijoux de luxe et des documents confidentiels. Avant de quitter les lieux, les voleurs effacent leurs traces en aspergeant la pièce avec un extincteur.

Mais certains détails intriguent rapidement les enquêteurs suisses. Les cambrioleurs n’ont touché à aucun autre objet de valeur dans l’appartement et semblent avoir évolué avec une assurance troublante, comme s’ils connaissaient parfaitement les lieux. L’analyse de la scène permet d’isoler deux empreintes ADN, ouvrant la voie à de premières pistes.

Trois exécutants, un commanditaire

Après de longs mois d’investigation, la police parvient à mettre un nom sur les empreintes relevées sur les lieux: deux frères français déjà connus des services de justice. Lors de sa garde à vue le 27 janvier, l’un d’eux finit par passer aux aveux. Il raconte que pour ce cambriolage, ils étaient trois exécutants et qu’avant de passer à l’action, ils avaient rencontré leur commanditaire. «Un homme d’environ 30 à 40 ans, blond, au volant d’une Mercedes classe S noire», décrit-il aux enquêteurs.

Ce même suspect désigne formellement le commanditaire: le propre fils du diplomate. «Il a organisé ça, car il était en brouille avec le père et qu’il devait récupérer des papiers dans le coffre-fort», explique-t-il. Selon ses dires, l’accord prévoyait un partage du butin, avec une somme de 100’000 euros promise aux cambrioleurs. Mais une fois le vol accompli, ils n’auraient jamais touché le moindre centime.

Des indices sur le mobile

L’enquête de la police suisse a mis en lumière plusieurs éléments qui pourraient expliquer le mobile du fils du diplomate. Dans les mois suivant le cambriolage, celui-ci aurait dilapidé près d’un million d’euros en voyages luxueux. Par ailleurs, les relations entre le père et le fils étaient depuis longtemps marquées par de fortes tensions.

Les enquêteurs ont également découvert que le fils aurait eu des comportements violents envers la compagne du diplomate. Face à cette situation, le sexagénaire aurait pris une décision radicale: l’évincer des hautes fonctions qu’il occupait au sein de sa société financière. Un geste qui, selon «Le Parisien», aurait pu nourrir une profonde rancune, d’autant plus que ce licenciement l’aurait privé d’importantes sources de revenus.

Pour l’heure, le fils du diplomate, toujours présumé innocent, n’a pas encore été entendu par la justice, bénéficiant de la protection offerte par son statut diplomatique. Par le biais de son avocat, le sexagénaire a indiqué que son priorité était «de déterminer l'implication de son fils». Comme quoi, les plus grands dangers ne viennent pas toujours de l'extérieur, mais aussi de sa propre famille.

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