Les États-Unis et l’économie mondiale sont confrontés à une potentielle apocalypse financière. Sans une nouvelle suspension ou un relèvement du plafond de la dette par le Congrès, le gouvernement américain risque un défaut de paiement. La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a fixé la date limite au 18 octobre.
Le gourou de la bourse Peter Tuchman ne mâche pas ses mots: «Un défaut de paiement des États-Unis équivaudrait à une éruption volcanique. Les banques seraient débordées, on serait confronté à des liquidations sur les marchés boursiers et une anxiété générale.»
Comment une faillite américaine affecterait-elle la Suisse? «Ce serait un choc énorme», assène Reto Föllmi, professeur d’économie internationale à l’université de Saint-Gall. Les investisseurs sur les marchés boursiers ne seraient pas les seuls à ressentir la crise. «Si l’Amérique ne peut plus payer ses dettes, il y aura à nouveau une fuite vers le franc suisse en tant que valeur refuge et la Banque nationale suisse devra intervenir», explique-t-il.
Crise des exportations
Une faillite américaine toucherait donc le plus durement l’industrie exportatrice suisse (car si le franc vaut plus, nos produits coûtent plus chers, donc sont moins attractifs, ndlr). «La demande américaine s’effondrerait», affirme Reto Föllmi. Un coup dur pour la Suisse: les États-Unis sont notre deuxième partenaire commercial après l’UE. «D’autres pays pourraient également être touchés à cet égard.», souligne l'économiste.
Les emplois, en revanche, ne seraient pas menacés pour l’instant. Ce n’est que si l’insolvabilité se prolonge que des emplois dans l’industrie d’exportation pourraient être supprimés. «Les prix n’augmenteraient pas non plus du jour au lendemain. Mais il pourrait devenir plus difficile d’acheter des produits en provenance des États-Unis en Suisse», déclare Reto Föllmi.
Risque d’inflation
Toutefois, il ne faut pas confondre l’incapacité à payer, qui équivaut juridiquement à une faillite, avec la faillite économique, précise l’économiste. «Même dans ce scénario d’horreur, les États-Unis resteront solvables malgré des dettes élevées», explique Reto Föllmi. En effet, «Le dollar est la monnaie de référence de la planète, les banques centrales du monde entier en ont des réserves élevées. Les Américains peuvent simplement imprimer plus d’argent à tout moment pour payer leurs dettes.»
Une faillite nominale comme celle de la Grèce est donc quasiment impensable dans le cas des États-Unis. Mais une forte inflation est probable.
Dans quelle mesure le scénario de la faillite est-il réaliste? «Nous pouvons supposer que le Congrès américain trouveront une solution», déclare Reto Föllmi avec confiance. Il souligne toutefois: «Le climat politique est devenu plus polarisé, les compromis sont plus rares. Les enjeux sont vraiment de première importance.»