Suppressions de trains, retards, chantiers à répétition et querelles budgétaires, la Deutsche Bahn traverse une crise profonde. Alors que de l'autre côté de la frontière, la Suisse, avec ses trains ponctuels et son horaire cadencé, est souvent citée en exemple pour son système ferroviaire performant. Aujourd’hui, c’est aussi un modèle suisse qui pourrait inspirer l’Allemagne, à savoir un fonds de plusieurs milliards destiné à garantir durablement l’entretien et le développement du réseau.
Depuis quelques années, les rails helvétiques sont financés par un fonds spécial. Alimenté en continu, le fonds d’infrastructure ferroviaire reçoit une part de l’impôt sur les huiles minérales, des fractions de la TVA, des contributions de la Confédération et des cantons, ainsi que des recettes liées aux sillons payés par les compagnies ferroviaires.
«Un instrument intelligent»
Seuls les projets intégrés à la planification peuvent être financés. Cela garantit une vision du rail à long terme et évite des marchandages interminables.
C’est précisément ce principe qui fait office de modèle en Allemagne depuis des années. Des responsables politiques de tous bords le réclament. On parle déjà à Berlin de «milliards ferroviaires à la bernoise». Lors de la dernière campagne électorale fédérale, la gauche défendait un outil capable de couvrir «les besoins massifs d’investissement dans les infrastructures de transport» en dehors du budget fédéral.
Les Verts prônent une «architecture de financement sûre sur plusieurs années», calquée sur l’exemple suisse. Le Parti social-démocrate (SPD) en est également convaincu. «Un tel fonds est un instrument intelligent pour mettre en œuvre rapidement et efficacement les moyens considérables que nous engageons», affirme un élu.
Le ministre des Transports confiant
Il existe désormais une stratégie officielle. Le ministère des Transports dirigé par Patrick Schnieder, membre de l'Union chrétienne-démocrate, a présenté il y a quelques jours un document qui propose une solution inspirée de la Suisse. A l’avenir, l’Etat financerait directement le réseau ferroviaire et imposerait en retour des exigences claires aux chemins de fer, notamment en matière de ponctualité.
Ce modèle, qualifié de «principe du commanditaire-constructeur», se résume ainsi: l’Etat commande des prestations, les chemins de fer doivent les fournir. Les projets ne sont autorisés que si les fonds sont disponibles et passent avec succès le processus d’admission.
Selon Patrick Schnieder, ce système permettra «pour la première fois un pilotage efficace par la Confédération». Et le ministre ne manque pas d’assurance. Il promet rien de moins qu’un «agenda pour des clients satisfaits sur le rail».