«Le quotidien dans les écoles suit rarement le juridique»
Une pédagogue des médias critique l'interdiction des téléphones portables

Alors que la commune de Köniz introduit une interdiction des téléphones portables dans les écoles, la Confédération étudie des mesures pour les jeunes. La pédagogue des médias Judith Mathez doute des règles nationales.
Publié: 06.05.2025 à 22:29 heures
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L'experte Judith Mathez demande avant tout des mesures pédagogiques sur les médias. Selon elle, les lois nationales sur le téléphone portable et les médias sociaux ne sont généralement pas efficaces.
Photo: zVg
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Joschka Schaffner

A Köniz, dans le canton de Berne, l'interdiction du téléphone portable est généralisée dans les écoles – et tout le monde semble satisfait. Dans d'autres pays, comme en France et en Australie, la consommation numérique est déjà réglementée au niveau national. La Confédération doit-elle suivre le mouvement? En ce moment, elle examine ce qu'elle souhaite mettre en place en matière de téléphones portables et de médias sociaux chez les jeunes.

L'experte en la matière, Judith Mathez, chargée de cours en pédagogie des médias à la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse, se montre toutefois critique vis-à-vis d'une telle réglementation. Même si elle juge que des mesures restent nécessaires.

Une réglementation difficiles à implémenter

«Je comprends l'impulsion qui voudrait que l'on réglemente cela», déclare Judith Mathez. Les smartphones et les médias sociaux suscitent beaucoup d'inquiétude chez les parents et les enseignants. «On veut d'une part empêcher le cyberharcèlement et, d'autre part, faire en sorte que les enfants ne négligent pas d'autres choses parce qu'ils passent beaucoup de temps sur leurs appareils».

Mais les lois qui existent dans d'autres pays sont-elles adaptées? L'experte est sceptique. «Le quotidien dans les écoles ne se déroule souvent pas selon des règles juridiques», explique Judith Mathez. De plus, de telles mesures à grande échelle sont, en pratique, difficiles à mettre en oeuvre. «Je trouve toutefois positif que le débat soit lancé au niveau national.»

Le fédéralisme dans les écoles, un avantage

Selon Judith Mathez, le fait qu'en Suisse les écoles puissent le plus souvent décider individuellement de telles règles a toutefois ses points forts. «Les solutions sont ainsi plus viables», dit-elle. A Köniz aussi, la décision d'interdire les téléphones portables n'est pas venue de la politique, mais de la direction de l'école.

Au lieu d'une interdiction nationale, Judith Mathez plaide donc pour des mesures pédagogiques plus fortes en matière de médias. «L'utilisation du téléphone portable doit être un thème dans le cadre de l'enseignement». En effet, le simple fait d'occulter le problème ne le fait pas disparaître, «nous devons accompagner les enfants et les adolescents dans l'utilisation des médias jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge où ils peuvent y naviguer eux-mêmes», dit-elle. «Mais à un moment donné, il ne faut pas oublier de les laisser expérimenter par eux-mêmes.»

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