Spécialistes rares, formation bancale...
Les entreprises suisses veulent engager… à l’étranger!

Les perspectives d'embauche sont à un niveau historiquement élevé, révèle le baromètre de l'emploi de ManpowerGroup pour le deuxième trimestre 2023. Les entreprises suisses misent sur le recrutement à l'étranger pour faire face à une pénurie de talents sans précédent.
Publié: 14.03.2023 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 14.03.2023 à 12:52 heures
76% des sociétés de la place sondées par ManpowerGroup ont quelques ou de grandes difficultés à trouver des spécialistes pour leurs postes vacants. (Image d'illustration)
Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Les entreprises suisses veulent engager… à l’étranger, révèle le baromètre de l’emploi de ManpowerGroup pour le deuxième trimestre 2023. Pas par velléité de bouder le marché national, non. Mais, toujours selon ce document, parce qu’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée fait rage dans le pays depuis un certain temps maintenant et que les options des recruteuses et recruteurs sont donc très limitées.

Prenons un peu de recul. La situation est décrite comme étant historique. Très concrètement, après consolidation des chiffres, 31% des firmes helvétiques disent vouloir engager. Un pourcentage qui dépasse même le précédent record de 30% enregistré au premier trimestre de 2022. «C’est le 7e trimestre d’affilée où nous constatons, tous secteurs d’activité confondus, tous cantons confondus, une croissance de la demande de main-d’œuvre bien au-delà des 20-25%», analyse pour Blick Laurent Vacelet, directeur de Manpower pour la Suisse romande.

Laurent Vacelet, directeur pour la Suisse romande de Manpower.
Photo: D.R.

Et ces besoins s’inscrivent dans une période où le taux de chômage est bas. Conséquence: 76% des sociétés sondées ont quelques ou de grandes difficultés à trouver des spécialistes pour leurs postes vacants. «Logiquement, face à cette situation, 63% prévoient de chercher plus ou autant de travailleuses et travailleurs à l’étranger, reprend Laurent Vacelet. À noter, toutefois, que 16% des employeuses et employeurs indiquent qu’ils démarcheront moins de personnes au-delà des frontières et 26% assurent qu’ils ne recruteront que des salariées et salariés en Suisse dans les douze prochains mois.»

Les «soft skills» très recherchés

Toujours selon l’enquête de ManpowerGroup, les qualifications professionnelles recherchées sont surtout des compétences en informatique et en gestion de données, suivies des qualifications en ressources humaines, ainsi que des compétences dans le domaine de l’exploitation et de la logistique. Mais pas seulement.

«Les soft skills sont aussi jugés comme étant de plus en plus importants, avance le directeur pour la Suisse romande du spécialiste du travail temporaire. On parle ici de compétences classiques, telles que la capacité à résoudre des problèmes, le sens des responsabilités ou encore la pensée critique.» Cependant, là aussi, les entreprises auraient du mal à trouver des collaboratrices et collaborateurs dotés de compétences telles que la créativité, la capacité à travailler en équipe, l’adaptabilité et le potentiel de leadership.

«Selon les études, il existe une forte demande pour toutes les compétences non techniques», appuie encore Laurent Vacelet. Pour illustrer cet appétit, 57% des entreprises prévoient des programmes de formation pour leurs employées et employés actuels.

Réfléchir autour de la formation

Autre enseignement de cette enquête: les entreprises devraient plus que jamais rendre leurs jobs plus attrayants pour séduire les profils dont elles besoin. Dans les faits, 38% jurent déjà le faire en proposant des horaires flexibles et du travail à temps partiel. Et 32% d’entre elles ont mentionné qu’elles attireraient désormais les talents avec des salaires plus élevés et une plus grande flexibilité de l’emploi.

Reste que, dans la situation de pénurie actuelle, ces efforts ne seront probablement pas suffisants. D’où la nécessité de recruter à l’étranger, relevée par ManpowerGroup. «Les pouvoirs publics ont aussi leur rôle à jouer pour favoriser la population locale, déclare Laurent Vacelet. Comment? En proposant une adéquation entre les formations disponibles et les besoins du marché. Par exemple, aujourd’hui, en Suisse, il n’existe pas de formation pour les opérateurs en pharmacie, alors que nous en avons besoin. Il y a d’autres pans, parfois presque entiers, de certaines industries où il n’existe pas de CFC. Une réflexion là autour est donc inévitable.»

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